Les prochaines étapes pour une politique alimentaire au Canada
Faisant suite à la campagne Je mange donc je vote, des leaders du mouvement alimentaire de partout au Canada se sont rassemblés à Montréal le 15 novembre dernier afin de discuter des prochaines étapes d'une politique alimentaire au Canada. Seulement deux jours après que le Ministre de l'Agriculture ait reçu ses instructions pour développer une politique alimentaire nationale et immédiatement après la Conférence Du changement au menu sur l'alimentation scolaire, l'excitation dans la salle se faisait ressentir.
Il n'y a aucun doute que nous nous retrouvons dans un contexte bien différent en ce qui concerne la politique alimentaire avec l'élection du nouveau gouvernement Trudeau. Plus important encore, le Premier ministre a chargé Lawrence MacAulay, Ministre de l'Agriculture de: "Élaborer une politique alimentaire qui fait la promotion d’un mode de vie sain et de la salubrité des aliments en mettant sur la table des familles du pays un plus grand nombre d’aliments sains de grande qualité produits par les agriculteurs et les éleveurs canadiens". Le Réseau pour une alimentation durable travaille sur cette question depuis la publication de Du pain sur la planche en 2011. Il y a aussi un sentiment renouvelé de collaboration et le nouveau gouvernement fédéral semble être plus disposé que le gouvernement précédant à travailler avec une variété d'intervenants du système alimentaire.
Il y a raison d'être optimiste quant au futur de notre système alimentaire et d'une politique alimentaire pancanadienne. Mais il reste encore beaucoup à faire pour s'assurer que cette nouvelle politique alimentaire nous dirige vers la souveraineté alimentaire et vers nos objectifs d'une faim zéro et d'une alimentation saine, sécuritaire et durable. Cela signifie que plusieurs d'entre nous doivent s'assurer d'être présents lors des discussions. Voilà une des raisons pour laquelle le Réseau pour une alimentation durable est enthousiaste à l'idée d'explorer l'idée d'un Conseil de la politique alimentaire pour le Canada.
Plusieurs personnes sont intervenues durant la discussion concernant les étapes à suivre pour la création d'une politique alimentaire et le besoin d'impliquer une panoplie de voix différentes.
Le député Liberal de La Prairie, Jean-Claude Poissant, a écouté attentivement les débats de l'après-midi et a insisté sur l'importance d'avoir les citoyens, les organisations et les politiciens travaillant ensemble pour la création d'un futur alimentaire sain et durable pour le Canada.
Le nouveau gouvernement fédéral a aussi fait mention de ses intentions de développer une stratégie anti-pauvreté et d'améliorer le plan Nutrition Nord, offrant ainsi des opportunités de réformes politiques significatives sur les enjeux traités lors de notre campagne. Le concept de souveraineté alimentaire se doit de rester la charpente de nos actions alors que nous élevons nos voix en faveur d'un programme universel d'alimentation scolaire et d'un soutien pour la nouvelle génération d'agriculteurs.
L'appel pour une politique alimentaire du Réseau pour une alimentation durable a toujours été holistique, touchant ainsi plusieurs ministères. Les instructions du gouvernement Trudeau pour créer une politique alimentaire au Canada ont été partagées uniquement avec le Ministre de l'Agriculture et de l'Agroaliamentaire, mais nous sommes optimistes que le Ministre se doit d'impliquer d'autres ministères, spécialement celui de la santé. Le nouveau gouvernement se doit de reconnaître la politique alimentaire est étroitement liée à la bataille contre les changements climatiques, pour une meillleure santé, pour des pêcheries plus durables, pour des échanges équitables et pour les droits des peuples nordiques et l'élimination de la pauvreté (pour en nommer que quelques-uns).
“Plusieurs ministres doivent s'engager envers une politique alimentaire. L'alimentation est horizontale et les ministères sont verticaux”, mentionne Keith Robinson.
“Ce que nous cherchons réellement, c'est une politique alimentaire concertée qui réunit les différentes fonctions et comportements du système alimentaire autour de la promotion de la santé, de la justcie alimentaire et d'un environnement durable” explique Rod MacRae, analyste de la politique alimentaire à l'Université York. “Une partie de l'aide que nous devrons apporter au gouvernement consiste à trouver les lieux d'échange dans le système politique qui sont historiquement divisées”.
Une des structures qui peut être mise en place est un Conseil d'une politique alimentaire, “un lieu institutionnel intéressant pour faire la jonction entre ce qui se fait sur le terrain au niveau communautaire et le plaidoyer politique” mentionne Rod MacRae. “Nous avons besoin d'endroits où ce lien entre organisation communautaire et plaidoter politique peut se réaliser et un Conseil de la politique alimentaire nationale est potentiellement un de ses endroits”.
Plusieurs participants ont soutenu que le rôle du Réseau pour une alimentation durable de développer une politique alimentaire nationale se doit d'être à la fois critique et collaboratif. Comme l'a mentionné une des participantes: “Le gouvernement fédéral actuel fera sans doute moins de dommages et sera plus ouvert envers de meilleures actions. La quantité d'actions positives sur la question du système alimentaire dépend de la pression que nous exercerons”. Nous ne pouvons certainement pas nous permettre d'être inactif maintenant. Le Réseau pour une alimentation durable invitera la centaine d'organisations qui se sont récemment impliquées dans notre récente campagne afin qu'ils soumettent leurs idées et mobilisent leurs partisans pour la création d'une nouvelle politique alimentaire. Restez à l'écoute des actualités sur la politique alimentaire!
D'après vous, quelle est la chose la plus urgente que le Réseau pour une alimentation durable se doit de faire en ce qui concerne une politique alimentaire nationale?
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