Politique alimentaire: À quoi peut-on s'attendre de notre nouveau gouvernement?
Le 19 octobre dernier, le Canada a élu un nouveau gouvernement. Peu importe si vous avez voté pour le Parti Libéral, le Parti Conservateur, le Nouveau Parti Démocratique, le Parti Vert, le Bloc Québécois ou aucun d'entre-eux, les résultats de l'élection nous donnent une bonne raison d'être optimistes quant au futur de la politique alimentaire au Canada. Examinons les positions du nouveau gouvernement canadien sur les enjeux les plus pressants en matière d'alimentation.
Une politique alimentaire nationale: Un rôle pour le secteur à but non lucratif dans le développement des politiques
Dans le cadre de la campagne Je mange donc je vote lancée par le Réseau pour une alimentation durable, nous avons interrogé les cinq plus importantes formations politiques avant les élections pour connaître leurs positions quant aux enjeux alimentaires canadiens. Quatre partis se sont exprimés en faveur d'une politique alimentaire nationale ou d'une stratégie qui adopterait une approche compréhensive. Celle-ci adresserait les enjeux inter-reliés de la faim, d'une production non-durable, des changements climatiques et des diètes malsaines.
Voici ce que les Libéraux avaient à dire par rapport à une politique alimentaire nationale:
"Un gouvernement libéral est déterminé à prendre des mesures à l'égard de la sécurité alimentaire. Nous appuyons également l'élaboration et le financement d'une stratégie nationale visant à réduire l'insécurité alimentaire au Canada."
“Un accès à suffisament de nourriture salubre, saine et appropriée est un droit de la personne fondamental. Un gouvernement libéral accordera toujours la priorité à la protection de la santé et de la sécurité des Canadiennes et des Canadiens. Nous travaillerons avec les gouvernements des provinces et des territoires, les organismes autochtones, les groupes communautaires et les producteurs pour veiller à ce que les Canadiens aient accès à de la nourriture saine et vendue à un prix abordable."
Le Parti du nouveau gouvernement canadien nous a aussi fait mention à travers le questionnaire qu'il veut travailler avec des organisations de la société civile telles que le Réseau pour une alimentation durable pour trouver des solutions entravant notre système alimentaire:
"Les libéraux comprennent le rôle fondamental que jouent les organismes à but non lucratif et la société civile à la fois dans l’élaboration des politiques et la prestation de programmes. Un gouvernement libéral collaborera avec des organismes comme le vôtre [Réseau pour une alimentation durable] afin d’étudier des solutions plus efficaces aux défis les plus pressants auxquels sont confrontés le Canada et la population canadienne, et il fera appel à votre précieuse expérience concrète ainsi qu’à votre expertise pour trouver les meilleures solutions pour le bien des Canadiennes et Canadiens."
"De plus, nous nous assurerons que les organismes de la société civile ont accès à l’information dont ils ont besoin pour mieux défendre les besoins de la population canadienne auprès du gouvernement et d’autres organismes."
La faim zéro au Canada
Le Réseau pour une alimentation durable croit que le Canada a besoin d'examiner la faisabilité d'un revenu de base ou un revenu minimum annuel garanti en tant que proposition pour résoudre les problèmes d'insécurité alimentaire. Les causes de l'insécurité alimentaire sont complexes, mais elles sont aussi un énorme facteur de la pauvreté. Le nouveau gouvernement canadien semble comprendre également cela:
"Les libéraux savent également qu’il existe un lien inextricable entre la sécurité alimentaire, les problèmes de pauvreté et la sécurité du revenu. On ne peut avoir une population en santé que lorsque des revenus adéquats, des sources alimentaires salubres et sécuritaires, des logements et des infrastructures sont bien établis. Un gouvernement libéral effectuera les investissements requis pour s'assurer d'obtenir les résultats escomptés."
“Il est inacceptable que dans un pays aussi prospère que le Canada, il y ait autant de personnes qui peine à assurer leurs besoins essentiels et quotidiens de la vie tels qu'un accès à une nourriture saine et suffisante.”
Les Libéraux non malheureusement toutefois pas exprimés leur appui quant à l'étude de faisabilité sur le revenu de base, mais ils se sont engagés à dévouer “un pourcentage déterminé des fonds du programme à l'essai de nouvelles approches aux problèmes actuels. " Cela inclut:
- Un investissement dans une stratégie nationale sur le logement;
- une augmentation de dix pour cent du Supplément de revenu garanti pour les aînés à faible revenu vivant seuls;
- un accès plus facile aux prestations d’assurance-emploi;
- l'instauration de l'Allocation canadienne pour enfants – qui donnera un exonération d'impôt jusqu’à 533 $ par mois et par enfant.
Une nourriture abordable dans le Nord et la souveraineté alimentaire
Parmi les populations autochtones habitant dans des pays développés, les taux d'insécurité alimentaire chez les peuples autochtones du Nord du Canada font partie des plus élevés. Ottawa doit travailler avec les communautés du Nord afin de trouver des solutions à cette crise alimentaire.
“Un gouvernement libéral travaillera avec les communautés touchées pour surmonter cette crise d’insécurité alimentaire dans le Nord et dans les communautés éloignées du Canada. La subvention alimentaire de Nutrition Nord Canada doit être étendue aux autres communautés qui en ont besoin. Le manque choquant et persistant de responsabilisation et de surveillance du programme doit être rectifié pour veiller à ce que les résidents du Nord bénéficient des économies.”
Le Réseau pour une alimentation durable aimerait féliciter le nouveau gouvernement pour la promesse faite lors de la campagne électorale visant à augmenter la subvention du programme Nutrition Nord (dédié à réduire les prix des denrées alimentaires dans le Nord) de 40 millions étalés sur une période de quatre ans. Toutefois, ça prendra plus que de l'argent pour régler le problème de l'insécurité alimentaire sévissant dans le Nord. Il nous faudra être à l'écoute des habitants du Nord et des solutions qu'ils entrevoient, incluant la promotion d'une réelle souveraineté alimentaire et le soutien de l'accès à de la nourriture traditionnelle, et non seulement à une nourriture meilleure marché importée du Sud.
Un des engagements les plus impressionnants réalisés par le Parti Libéral est la mise en oeuvre des recommandations de la Commission vérité et réconciliation. Cela est certainement un bon point de départ pour envisager de nouvelles relations entre le gouvernement canadien et les Peuples autochtones du Canada. Dans sa plateforme électorale, le nouveau gouvernement fédéral a indiqué qu'il “mettra en oeuvre les recommadations de la Commission vérité et réconciliation, en commençant par la mise en oeuvre de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones.”
Une alimentation saine dans les écoles
Le Canada demeure l’un des seuls pays industrialisés à ne pas avoir un programme d’alimentation scolaire pan-canadien. La plupart des pays industrialisés détiennent des programmes fournissant une nourriture saine aux étudiants les aidant à un bon développement physique et mental. Un enfant sur six au Canada habite dans des familles trop pauvres pour se procurer une nourriture saine. Le nouveau gouvernement ne semble malheureusement pas s'exprimer en faveur d'aucun plan voulant investir dans la création d'un programme alimentaire scolaire pancanadien. Il veut cependant explorer les différentes options offertes au niveau provincial et territorial.
“Les libéraux s’engagent à mettre fin à l’insécurité alimentaire au Canada et à travailler avec les provinces et les territoires afin de proposer des solutions concrètes à ce problème urgent. Nous savons que les Canadiennes et Canadiens s’attendent, à juste titre, à ce que le gouvernement fédéral fasse preuve de leadership à ce sujet et face à bien d’autres enjeux auxquels sont confrontés les Canadiennes et Canadiens d’un océan à l’autre. Les défis auxquels nous faisons face ne peuvent être résolus uniquement à partir d’Ottawa. Ils exigent un vrai partenariat entre le gouvernement fédéral et les provinces; une vision fédérale qui respecte les compétences de toutes les provinces et territoires. Cela nécessite un dialogue continu.”
Cela ne change en rien la conviction de la Coalition pour une saine alimentation scolaire qui continuera son travail pour l'avancement de son objectif dans les années à venir.
Du soutien pour les nouveaux fermiers
Le Réseau pour une alimentation durable aimerait voir plus de soutien de la part du gouvernement fédéral pour les nouveaux fermiers qui font face à des barrières significatives pour l'accès au capital, à la terre et aux formations. Plus de la moitié de la population agricole du Canada est âgée de 55 ans et plus, et 80% d’entre eux pensent prendre leur retraite dans les 10 prochaines années. Ce soutien est crucial pour continuer le fier héritage des fermes canadiennes.
Le nouveau gouvernement canadien reconnait également “de la nécessité de motiver et de former un plus grand nombre de jeunes Canadiennes et Canadiens aux métiers de l’agriculture”. Au moment ou le questionnaire a été soumis, le Parti Libéral élaborait toujours les détails de leurs politiques agricoles, mais ils ont toutefois souligné d'importants points:
“Un gouvernement libéral augmentera les investissements dans la formation axée sur les compétences; une augmentation annuelle de 750 millions de dollards accordée aux programmes de formation, en partenariat avec les provinces et territoires.”
“Nous savons que les agriculteurs s'inquiètent du sous-financement des outils fédéraux-provinciaux de « gestion des risques de l'entreprise » ainsi que des changements conceptuels apportés aux programmes qui rendent ces outils moins accessibles et moins utiles. Un nouveau gouvernement libéral collaborera avec les producteurs et les gouvernements provinciaux pour déterminer si les programmes actuels de protection du revenu agricole répondent adéquatement aux besoins des agriculteurs canadiens lorsqu'ils font face à de graves difficultés échappant à leur contrôle.”
Même si c'est un bon début, nous savons qu'il reste encore beaucoup à faire et à espérer d'avoir la chance de s'asseoir avec le gouvernement fédéral et nos nouveaux alliés de la terre pour discuter des enjeux dont font face la prochaine génération d'agriculteurs.
Quoi conclure?
Selon les réponses au questionnaire, le nouveau gouvernement canadien semble avoir un réel intérêt pour lutter contre les problématiques d'accès à une nourriture saine et durable au Canada. Également, nous nous réjouissons de voir une volonté d'engager tous les acteurs du système alimentaire tels que le Réseau pour une alimentation durable, les groupes communautaires, les associations d'agriculteurs, les organisations en saine alimentation, etc., pour développer des solutions. Les portes de l'ancien gouvernement au pouvoir ont été fermées durant trop longtemps. Le Réseau pour une alimentation durable accueille à bras ouverts l'opportunité de contribuer constructivement au développement de la politique fédérale.
Le Réseau pour une alimentation durable continuera de travailler avec les parlementaires et les Canadiens pour crééer un Canada où personne n'a faim et où tout le monde a accès à une nourriture saine et durable. Nous somme excités d'avoir un gouvernement fédéral qui va peut-être, finalement, adopter une politique alimentaire nationale et sommes ravis de travailler conjointement avec le nouveau gouvernement et nos membres afin que cela devienne une réalité.
Lisez les réponses du Parti Libéral ici et leur plateforme électorale fédérale ici.
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