Faits saillants de la rencontre du Groupe d’apprentissage en alimentation institutionnelle, Guelph, janvier 2016
Par Jennifer Reynolds - Coordonnatrice du programme d'alimentation institutionnelle au Réseau pour une alimentation durable
Remplacer les denrées que se procurent les hôpitaux, les écoles, les campus universitaires et les autres acheteurs institutionnels par des aliments produits localement selon des méthodes durables constitue un geste comportant de profonds bienfaits sur les plans de la santé, de l’économie et de la durabilité. Au cours de la dernière année et demie, le Réseau pour une alimentation durable et la Fondation de la famille J. W. McConnell ont appris, aux côtés du Groupe d’apprentissage en alimentation institutionnelle — qui coordonne un ensemble de huit projets à travers le Canada —, comment modifier efficacement les pratiques en matière d’approvisionnement alimentaire des institutions publiques et privées afin que celles-ci se tournent vers des modes de production et des systèmes alimentaires plus durables.
Pour des individus travaillant de façon isolée, tenter de changer les pratiques d’achats et la culture des institutions afin que celles-ci priorisent un approvisionnement en produits locaux et durables peut se révéler un travail ardu. Il faut de la patience et de la persévérance pour apprivoiser le fonctionnement complexe des chaînes d’approvisionnement et modifier le mode opératoire des services alimentaires institutionnels. Or, lorsque les choses se compliquent, il est important de se remémorer les nombreuses raisons motivant ce travail — c’est-à-dire améliorer la santé, revitaliser les communautés rurales, et instaurer une culture alimentaire positive. C’est donc dans le but principal de se redynamiser que le Groupe d’apprentissage en alimentation institutionnelle s’est rencontré.
Apprendre des praticiens et des visites de sites
Le Groupe d’apprentissage en alimentation institutionnelle s’est rencontré à la fin de janvier 2016 dans le sud de l’Ontario. Pendant trois jours, ses membres ont poursuivi leur processus d’apprentissage mutuel, en plus de visiter une école, un hôpital, un campus universitaire et un distributeur d’aliments (voir les hyperliens ci-dessous) qui ont entrepris d’unir leurs efforts afin d’offrir davantage d’aliments frais et locaux dans leurs menus. Les participants à cette rencontre ont également eu l’occasion de prendre connaissance des projets d’approvisionnement novateurs soutenus par le Greenbelt Fund’s Broader Public Sector Grant Stream, ceux-ci comprenant le Public Purse Procurement – 3P Mentorship Program de même que MEALsource, une organisation du secteur public chargée d’approvisionner auprès de VG Meats, un producteur et transformateur local de bétail élevé de manière durable, 33 établissements ontariens offrant des soins de santé et des services alimentaires – consultez l’étude de cas!
Ceux qui ne sont pas familiarisés avec les expressions couramment employées dans le jargon de l’approvisionnement trouveront peut-être les énoncés suivants quelque peu cryptiques :
« Pourquoi votre centrale d’achats a-t-elle décidé de modifier les critères de ses appels d’offres s’appliquant aux fournisseurs de viandes, en remplaçant le prix par gramme par le prix par gramme de protéine? »
« Vous n’utilisez qu’une seule unité de gestion des stocks pour identifier les produits locaux, mais celle-ci permet-elle de retracer leur province d’origine? »
« Comment le fournisseur local négocie-t-il ses rapports lors de ventes directes avec ses clients une fois que ceux-ci figurent sur la liste d’un distributeur de gamme complète de produits? »
Malgré ces barrières de vocabulaire, les membres du Groupe d’apprentissage en alimentation institutionnelle ont indiqué que cette rencontre leur avait permis d’acquérir les informations dont ils avaient besoin. Selon le témoignage de l’un de ceux-ci : « Rassembler des personnes ne ménageant pas leurs efforts bien qu’elles soient presque épuisées permet de rétablir des liens et de resserrer la communauté dont nous faisons tous partie. Nous travaillons souvent de manière isolée, et bien que les visioconférences sur le web demeurent utiles, rien ne peut remplacer les avantages d’une rencontre en personne. »
Des communications marquantes
En plus d’avoir abordé différents aspects techniques, les membres des projets ont réfléchi à une manière opportune, attrayante et mémorable de communiquer avec leurs auditoires cibles, alors que ces communications se doivent d’être simples, surprenantes, concrètes, crédibles, émotives et fondées sur des récits. Par ailleurs, en plus de parler de leurs propres projets, les membres du groupe se sont penchés sur un moyen d’inciter d’autres institutions à s’approvisionner en aliments locaux et durables. L’un des outils permettant une telle chose existe déjà; il s’agit d’une vidéo produite par Équiterre montrant comment deux projets de groupes d’apprentissage, rattachés au Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) des Laurentides et au Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux de l’Est-de-l’Île-de-Montréal, ont réussi à faire une plus grande place aux fruits et aux légumes locaux dans leurs menus respectifs.
Adoption de valeurs partagées pour assurer la réussite des changements organisationnels
Les défis du passage à l’échelle supérieure
Les défis reliés au passage à l’échelle supérieure ont souvent été abordés lors des discussions. En ce qui concerne les fournisseurs et les distributeurs, il existe un besoin d’augmenter le volume de la production d’aliments locaux et durables des petits et moyens producteurs afin de répondre à la demande en croissance des institutions, et il faudra également affronter les défis reliés à l’expansion du réseau de distribution — comment agréger l’offre locale afin de l’adapter le mieux possible à l’importante demande des clients institutionnels et des distributeurs. Pour leur part, les institutions peuvent se montrer récalcitrantes à poursuivre leurs efforts initiaux afin d’induire des changements plus profonds sur le plan de leurs pratiques d’approvisionnement alimentaire qui permettraient de mettre davantage d’aliments frais et locaux à leur menu. Enfin, dans l’ensemble, plusieurs questions restent en suspens à savoir si les institutions qui constituent des niches novatrices en émergence sont en mesure de collaborer stratégiquement de manière à avoir un impact sur les problématiques du système, telles que l'information inadéquate sur la provenance des produits, ou les budgets d'alimentation insuffisants.
Restez à l’affût des prochains rapports du Groupe d’apprentissage en alimentation institutionnelle!
Pour obtenir plus d’information sur les endroits que le Groupe a visités, consultez les liens suivants :
L’entrepôt FoodShare et le Good Food Café – Le Good Food Café sert des menus rotatifs diversifiés de haute qualité, abordables et qui mettent l’accent sur les fruits et les légumes de manière telle que les enfants les mangeront sans faire de chichis.
L’Hôpital St. Michael’s — Servant des aliments locaux depuis déjà plusieurs années, cet hôpital a tout récemment travaillé en partenariat avec le George Brown College afin d’accroître le nombre de nouveaux menus composés d’aliments locaux qu’elle offre aux patients.
Gordon Food Service – Les membres du Groupe d’apprentissage ont pu constater l’évolution du programme local de cette entreprise, en plus d’avoir visité son entrepôt. Les fournisseurs locaux utilisent des « cartes échangeables » qui renseignent les consommateurs sur les listes de produits de l’entreprise.
Université de Guelph – Les membres du Groupe d’apprentissage ont vu de quelle manière le service alimentaire de cette université augmente la part de ses achats locaux. Une salle d’entreposage sous-utilisée sera d’ailleurs convertie en espace de transformation d’aliments frais. Ces mesures permettront au service alimentaire d’acheter d’importants volumes de fruits et de légumes de saison produits localement , de les transformer et de les utiliser à longueur d’année. Une garantie de saveur et d’économies!
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