Le budget fédéral ne répond pas aux attentes en matière de financement des repas scolaires

L’Alberta et les pays membres du G7 font figure de chefs de file alors que le gouvernement canadien reste inactif


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OTTAWA ET TORONTO, le 23 mars 2016 – La Coalition pour une saine alimentation scolaire est un réseau rassemblant 32 organisations sans but lucratif de chaque province et du Nord. Cette coalition cherche à obtenir du financement de la part du gouvernement fédéral afin de mettre sur pied un programme universel de saine alimentation scolaire à frais partagés qui serait en mesure d’offrir aux élèves un repas ou une collation santé à un prix modique ou gratuitement. Voici la réaction de la Coalition à la suite du dépôt du budget fédéral de 2016 :

Aujourd’hui est loin d’être un grand jour pour le financement des programmes d’alimentation scolaire. Le Canada demeure l’un des seuls pays industrialisés à ne pas s’être doté d’un programme d’alimentation scolaire d’envergure nationale. En conséquence, les enfants canadiens doivent composer avec des effets négatifs sur leur santé et leur rendement scolaire. Le budget fédéral admette que “Le coût de la vie pour certaines familles canadiennes n’a cessé d’augmenter [pour des] choses dont on a besoin aujourd’hui, comme des aliments sains”; augmente des transferts annuels aux provinces à 49 milliards; et promet des investissements pour les communautés des Premières nations totalisant 8,4 milliards sur cinq ans pour l’éducation et l’infrastructure sociale incluant l’expansion de Nutrition Nord (environ 14 millions annuellement, à long-terme). Par contre, il omet d’allouer spécifiquement des fonds pour des repas santé à l’école. Le Ministre a mentionné les discussions ayant eu lieu avec les ministres de la santé provinciaux et territoriaux concernant le renouvèlement de l’accord en santé cette année.

Les enfants canadiens font face à d’importants défis sur le plan de leur alimentation : seul le tiers de ceux-ci mangent le nombre de portions recommandées de fruits et de légumes; le tiers des élèves du primaire et les deux tiers des élèves du secondaire ne prennent pas un déjeuner nourrissant avant d’aller à l’école; enfin, le quart de l’apport en calories des enfants provient d’aliments qui ne sont pas recommandés par le Guide alimentaire canadien. À l’opposé, les enfants qui participent à un programme de saine alimentation scolaire consomment plus de fruits et de légumes, sont en meilleure santé physique et mentale, en plus d’obtenir de meilleurs résultats scolaires.

Le financement public des repas scolaires constitue une norme internationale qui gagne en intérêt au Canada. La Finlande, le Brésil, l’Inde, la Belgique, les États-Unis, le Japon, le Royaume-Uni et des dizaines d’autres pays offrent de tels programmes publics de repas scolaires. Le Programme alimentaire mondial des Nations unies rapporte que dans les pays où les programmes de repas scolaires sont initialement soutenus par une aide en provenance de pays comme le Canada, ceux-ci sont entièrement financés par les gouvernements de ces pays lorsque leur produit intérieur brut par personne atteint 10 $, soit une bouchée de pain en comparaison de celui du Canada.

Certaines provinces prennent toutefois les devants dans ce dossier : le gouvernement de l’Alberta s’est engagé à faire un investissement annuel substantiel de 60 millions de dollars dès la troisième année de l’entrée en vigueur de son programme d’alimentation scolaire; de son côté, lors de la rencontre des ministres des Finances provinciaux et fédéral, le ministre des Finances de l’Ontario, Charles Sousa, a parlé en termes élogieux de la modeste contribution de sa province aux programmes de repas scolaires. Le Comité permanent des finances de la Chambre des communes a recommandé la mise en place d’un programme d’alimentation scolaire national en 1997, suivi par le Comité d’experts pour la santé des enfants de l’Ontario en 2013. Une taxe supplémentaire sur les boissons sucrées (comme l’ont récemment instaurée le Royaume-Uni et le Mexique) permettrait de récolter 1,8 milliard de dollars par année au Canada, et au moins une partie de ce montant pourrait être alloué à un programme universel de saine alimentation scolaire. De même, la TPS/TVH qui s’applique sur les salades de fruits frais mais pas sur les Froot Loops est mûre pour une réforme et matière à la révision du système de taxation par le ministre Morneau “afin de déterminer s’il fonctionne bien pour les Canadiens, et ce en vue d’éliminer les mesures fiscales inefficaces et mal ciblées.”

La Coalition a hâte de travailler avec le gouvernement fédéral et ses homologues provinciaux et territoriaux de même que les chefs autochtones afin de faire de l’alimentation scolaire une priorité dans le présent budget et ceux qui lui succéderont. Nous applaudissons l’investissement dans l’infrastructure sociale et l’éducation pour les peuples autochtones et espérons que certaines de ces ressources trouvent leur chemin vers des programmes d’alimentation scolaire. Nous considérons qu’investir dans les repas scolaires constitue un usage avisé des fonds publics, et que ce geste pourrait contribuer à améliorer le rendement scolaire des élèves tout en réduisant les coûts en matière de santé à long terme.

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Pour plus d’information, veuillez communiquer avec :

Sasha McNicoll, coordonnatrice de la Coalition pour une saine alimentation scolaire (Toronto); 647 770-8388; schoolfood@foodsecurecanada.org

Bill Jeffery, LL. B., directeur général, Centre for Health Science and Law (Ottawa); 613 565-2140; billjeffery@healthscienceandlaw.ca