L'insécurité alimentaire des ménages au Canada : faits saillants du rapport PROOF 2014

 

 

L’insécurité alimentaire des ménages, définie comme l’accès insuffisant ou inadéquat à une alimentation du fait de contraintes financières, est le sujet du plus récent rapport annuel publié récemment par PROOF (Institut de recherche en insécurité alimentaire de l’Université de Toronto).

 

Les données présentées ont été collectées en 2013-2014, au cours d’une enquête laissée au choix de chaque province et territoire. C’est ainsi que la Colombie-Britannique, le Manitoba, Terre-Neuve & Labrador et le Yukon ont décidé de ne pas collecter de statistiques concernant leur taux d’insécurité alimentaire. Un choix regrettable qui rend plus difficile l’étude des difficultés d’accès à l’alimentation dans l’ensemble du pays.

 

Le Réseau pour une alimentation durable souligne l’importance de la recherche menée par PROOF. Nous partageons une même conviction : « l’insécurité alimentaire a un impact considérable sur la santé physique et mentale engendrant des coûts significatifs sur notre système de santé ».

La majorité des ménages affectés par l'insécurité alimentaire perçoivent des salaires

 

 

 

Parmi eux, 60,9% des ménages en situation d’insécurité alimentaire bénéficiaient d’une assistance sociale en tant que source principale de revenu. Cependant, plus de la moitié des ménages affectés par l’insécurité alimentaire (62,2%) percevaient des revenus issus d’activités professionnelles.

 

« Nous savons que les bénéficiaires de l’aide sociale sont particulièrement vulnérables, et les derniers chiffres mettent en évidence des taux d’insécurité alimentaire qui atteignent 82% des personnes bénéficiaires d’aide sociale en Nouvelle Ecosse et 83% dans le Nunavut. Cependant nous ne devons pas perdre de vue que la majorité des ménages en situation d’insécurité alimentaire dans notre pays sont des familles qui travaillent » rappelle Naomi Dachner, co-auteure du rapport.

Malgré la complexité des causes et expériences, le facteur déterminant de l’insécurité alimentaire reste la pauvreté. Le Réseau pour une alimentation durable soutient que les solutions publiques doivent se concentrer prioritairement sur la question des revenus des ménages.

Les enfants sont particulièrement vulnérables à l'insécurité alimentaire

 

Les ménages avec enfants ont davantage de chances de souffrir d’insécurité alimentaire en comparaison aux ménages sans enfant (15.6% versus 10.4%). Au Canada, un enfant sur six souffre d’insécurité alimentaire.

Dans tout le pays, près d’un tiers des familles monoparentales gérées par des femmes étaient en situation d’insécurité alimentaire. Les adultes qui vivent seuls souffrent également d'insécurité alimentaire de façon disproportionnée (15.7%), tel que constaté par plusieurs banques alimentaires au pays.

Au Nunavut et dans les Territoires du Nord-Ouest, les taux d'insécurité alimentaire chez les enfants sont les plus élevés (60 et 29 % respectivement).

L'insécurité alimentaire dans le Nord est particulièrement alarmante

Dans le nord du Canada, les communautés autochtones vivent une crise sur le plan de leur sécurité alimentaire comportant de lourdes conséquences sur la santé et le bien-être de leurs membres.

 

Au Nunavut, 46.8% des ménages souffrent d’insécurité alimentaire : un nombre qui n’a cessé de croître depuis la collecte de ces données en 2005. Près d’un foyer sur cinq au Nunavut souffre d’insécurité alimentaire sévère : une situation qui ne va pas en s’améliorant.

 

« Les taux dans le Nord suggèrent un état d'urgence », a déclaré Valerie Tarasuk, chercheuse principale PROOF et professeure de nutrition à la Faculté de l'Université de Toronto de médecine. « Nous n’avons constaté aucune diminution substantielle des taux à travers le pays au cours des deux dernières années, en dépit de stratégies de réduction de la pauvreté dans de nombreuses provinces. Nous pensons qu'il est temps que soit mis en place une action politique concertée. »

 

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