Le jeudi de la souveraineté alimentaire à la Tablée des Idées — faits saillants de la séance plénière d’ouverture
Un événement public intitulé Regagner une place à la tablée : une soirée consacrée à la souveraineté alimentaire des Autochtones a marqué le lancement de la 9e assemblée du RAD le 13 octobre dernier.
La souveraineté alimentaire des peuples autochtones devrait incontestablement se retrouver au premier plan des discussions sur la sécurité alimentaire au Canada. Les systèmes alimentaires des Autochtones sont profondément enracinés dans leurs économies et leurs cultures, en plus d’être à la base de leur santé et de leur bien-être. Les valeurs fondamentales que sont le respect, la responsabilité, la réciprocité et la redistribution guidaient jadis les relations au sein des divers réseaux composant les systèmes alimentaires autochtones à travers le Canada. D’un océan à l’autre, des militants alimentaires autochtones ont entrepris de décoloniser les corps, les mentalités et les esprits en rétablissant la souveraineté alimentaire dans leur ménage, leur communauté et leur nation.
Cette séance plénière d’ouverture a été une occasion d’explorer les récits et les combats des peuples autochtones qui, à titre de nations distinctes, se mobilisent sur la ligne de front pour assurer leur souveraineté alimentaire. Cette séance était animée par des acteurs incontournables du mouvement alimentaire autochtone :
· Joseph Leblanc, directeur général du Conseil de planification sociale de Sudbury, et membre du conseil d’administration du Réseau pour une alimentation durable;
· Professeur Dan Longboat, directeur de l’Indigenous Environmental Studies Program à l’Université Trent, et membre de la réserve mohawk des Six Nations de la rivière Grand;
· Leesee Papatsie, fondatrice du groupe Feeding my Family au Nunavut;
· Fulvio Gioanetto, de la nation purépecha;
· Dawn Morrison, membre du Groupe de travail sur la souveraineté alimentaire autochtone;
· Ryan McMahon, auteur et comédien anichinabé, a quant à lui donné le ton de la soirée en indiquant qu’il s’agissait d’« un travail ardu, néanmoins entrepris avec cœur ».
Joseph Leblanc a rappelé les conséquences négatives de l’insécurité alimentaire, de même que l’importance de reconnaître que ce phénomène n’est pas intrinsèque aux communautés autochtones, mais bien le résultat d’un contexte qui leur est imposé. Le problème de l’insécurité alimentaire ne se résume pas seulement au prix exorbitant des aliments dans le Nord.
Le professeur Dan Longboat a parlé de la revitalisation du système alimentaire autochtone. Ses paroles inspirantes ont souligné le rôle des communautés autochtones qui œuvrent activement à réintroduire l’héritage autochtone au sein du système alimentaire canadien.
Leesee Papatsie a raconté comment elle a dû affronter différents problèmes reliés à l’insécurité alimentaire en milieu nordique, et comment l’initiative qu’elle a fondée, Feeding my Family, permet non seulement de pallier ces problèmes, mais également de renforcer l’autonomie des communautés nunavoises. L’intégration des coutumes et des traditions autochtones est une importante stratégie permettant de résoudre les problèmes d’insécurité alimentaire dans le Nord.
Fulvio Gioanetto a défini la souveraineté alimentaire comme étant le droit, pour toute personne, d’avoir accès à des aliments sains à des prix abordables. Il a ajouté : « nous devons rester solidaires, croire en la tradition, et être autonomes ».
Forte de son expérience unique en développement communautaire et en horticulture, Dawn Morrison a pour sa part parlé des défis sur le plan de l’alimentation que doivent affronter les nations autochtones. Elle a dénoncé le paradigme productiviste, institué par la révolution industrielle, qui a fait perdre aux aliments leur essence en les reléguant au statut de simples produits. Elle a en outre affirmé qu’il était temps de « faire place à une culture, un esprit et un riche discours promouvant les aliments », soulignant ainsi la nécessité de transformer non seulement le système alimentaire, mais également notre point de vue sur les aliments.
Le fil conducteur de toutes ces discussions était la nécessité de saisir les différentes occasions qui s’offrent à nous. Celle nous permettant de revitaliser le système alimentaire autochtone. Celle également nous permettant non pas simplement de remettre la table, mais plutôt de la transformer, notamment en se débarrassant de ses relents colonialistes.
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