L’initiative sur les nouveaux agriculteurs presse les gouvernements provinciaux et fédéral de prioriser les nouveaux agriculteurs
Par Amanda Wilson - Coordonnatrice de l'Initiative sur les nouveaux agriculteurs, Réseau alimentation des communautés éloignées et nordiques ainsi que Collaboration niversité-communauté
En novembre dernier, l’Initiative sur les nouveaux agriculteurs, un projet du Réseau pour une alimentation durable, a publié un dossier de politique demandant à ce que la relève agricole soit une priorité du prochain cadre de politique agricole. Plusieurs organisations ont ajouté leur voix à cette demande, représentant un très large éventail de groupes de partout au pays. Alors que nous amorçons la nouvelle année, les négociations et discussions sur le Cadre stratégique fédéral-provincial pour l'agriculture deviennent plus vives, et maintenant, plus que jamais, nous devons montrer aux gouvernements provinciaux et fédéral que le soutien aux nouveaux agriculteurs est une priorité.
Comprendre les multiples juridictions, programmes et priorités qui composent la politique agricole canadienne n’est pas chose facile. C’est un peu comme de tenter d’assembler un casse-tête sans avoir accès à l’image sur la boîte. Toutefois, si nous voulons réellement construire un système alimentaire plus fort, résilient et durable, c’est une cible d’action essentielle. Avec un peu de soutien, nous pouvons tous participer à envoyer un message clair à nos gouvernements pour leur signifier que le soutien aux nouveaux agriculteurs est un élément clé dans l’amélioration de notre système alimentaire.
Que veut-on dire par relève agricole?
Il existe un consensus croissant voulant que le Canada doit faire mieux pour soutenir la prochaine génération d’agriculteurs. Il y a de moins en moins de fermes opérant au Canada; celles qui reste font face à une hausse des coûts et une diminution des revenus. Avec la valeur des terres agricoles qui montent en flèche dans plusieurs régions, il n’est pas surprenant que ceux intéressés par l’agriculture se butent à des obstacles significatifs en terme d’accès à la terre et aux capitaux, sans oublier le manque de programmes de formation complète où les nouveaux agriculteurs peuvent approfondir leurs compétences.
La bonne nouvelle c’est que l’engouement envers la profession d’agriculteurs est bel et bien présence. Que ce soit des jeunes, urbains et ruraux, des nouveaux arrivants et des gens désirant changer de carrières, il y a un fort intérêt pour l’agriculture et un grand désir de contribuer à un paysage agricole canadien plus durable et diversifié. Le défi est de créer les conditions favorables pour exploiter et maintenir cet engouement et d’en favoriser l’utilisation à son plein potentiel. Mettre sur pied et maintenir une ferme sont deux choses bien différentes. Nous avons besoin de politiques qui, non seulement encouragent une diversité d’acteurs à faire le saut en agriculture, mais qui soutiennent aussi ces nouveaux agriculteurs dans les premières années d’opération pour s’assurer que l’agriculture continue d’être un moyen de subsistance viable dans les décennies à venir.
Soutenir la relève agricole n’aurait pas uniquement une incidence sur les agriculteurs: cela aurait aussi un effet d’entraînement en accroissant le développement économique local et régional et en renforçant le tissu social des communautés rurales et urbaines. Lorsque le document sur les nouveaux agriculteurs a été publié sur le site du Réseau pour une alimentation durable, le titre indiquait: “Les nouveaux agriculteurs sont le futur de notre alimentation. Ils ont besoin de notre soutien!” Bien que cette déclaration tient toujours, si nous voulons être tout à fait honnête, il n’y a pas seulement les nouveaux agriculteurs qui aient besoin de notre soutien. Nous tous, en tant que mangeurs, travailleurs et membres de la communauté, avons besoin de leur soutien!
Qu’est-ce que le cadre de politique agricole?
Bien que le besoin pour des politiques en matière de relève agricole soit présent depuis longtemps, nous sommes dans une période qui offre une opportunité stratégique de nous faire avancer dans la bonne direction. Au cinq ans, les gouvernements provinciaux et territoriaux font l’ébauche d’un cadre politique pour établir les priorités en termes de politiques et programmes agricoles appelé Cadre stratégique pour l’agriculture. Ce cadre donne le ton aux cinq années à venir et sert de coordination au financement et aux programmes en partenariat avec les provinces et les territoires. Comme le cadre actuel, Cultivons l’avenir 2, expire en 2018, les gouvernements provinciaux et fédéral collaborent actuellement au développement du prochain cadre politique.
La politique n’est pas, à première vue, l’avenue la plus excitante pour encourager des changements sociaux, mais il faut reconnaître que les politiques tel que le Cadre stratégique pour l’agriculture affecte une panoplie de programme qui ont un impact directe sur la vie des agriculteurs et, par conséquent, sur l’ensemble des acteurs du système alimentaire. Elles encadrent aussi la façon dont nous répondons aux questions et défis importants auxquels l’agriculture fait face aujourd’hui, tels que:
Quel est le meilleur moyen de soutenir la transition vers une agriculture plus durable, résistante au carbone tout en s’assurant que les agriculteurs gagnent décemment leur vie pour eux-même et leur famille?
Comment s’assurer que les agriculteurs plus âgés ont suffisamment d’épargne pour la retraite tout en facilitant l’accès à la terre aux nouveaux agriculteurs?
Ce sont des questions difficiles auxquelles il n’y a pas réponse facile, mais un cadre politique fournit excellent point de départ: un ensemble de priorités et de valeurs sur lesquels construire des programmes, stratégies et partenariats innovateurs. Par exemple, le gouvernement libéral a déjà indiqué que la durabilité environnementale et les changements climatiques seraient une priorité, tout comme le sera la croissance des marchés intérieurs et internationaux.
C’est l’une des diverses raisons pour laquelle je suis ravie des possibilités de changement significatif de notre système alimentaire, non seulement grâce au prochain Cadre stratégique pour l’agriculture mais aussi grâce au développement d’une Politique alimentaire nationale. Le mouvement alimentaire a une réelle opportunités dans les prochaines années de faire avancer les politiques soutenant un système alimentaire plus durable, résilient et démocratique pour tous.
Vous pouvez accéder au dossier de politique sur la relève agricole ici, ou jetez un oeil au document de réflexion (en anglais) pour plus de détails. Plusieurs documents de base sont aussi disponible (en anglais). Dans les mois à venir, l’Initiative sur les nouveaux agriculteurs développera une série de ressources destinée à accroître la capacité des organisations, groupes communautaires et agriculteurs à plaider en faveur de politiques pour la relève agricole.
Si vous désirez vous impliquer auprès de l’Initiative sur les nouveaux agriculteurs, écrivez à Amanda Wilson à community@foodsecurecanada.org.
Amanda Wilson coordonne divers projets pour le Réseau pour une alimentation durable: l’Initiative sur les nouveaux agriculteurs, le Réseau alimentation des communautés éloignées et nordiques ainsi que la Collaboration université-communauté. Elle est chercheuse postdoctorale à l’Université Lakehead et peut être joint à l’adresse community@foodsecurecanada.org
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