Le mouvement alimentaire gagne de l'essor au Sommet sur la politique alimentaire à Ottawa
Faisant partie du processus d’élaboration de la Politique alimentaire nationale du Canada, Agriculture et agroalimentaire Canada (AAC) a organisé un Sommet sur l’alimentation à Ottawa les 22 et 23 juin dernier. Cet évènement aura rassemblé plus de 300 intervenant-e-s des quatre coins du pays afin de réfléchir, discuter et participer à des ateliers portant sur les principes clés et les priorités pour la politique alimentaire nationale. Le Réseau pour une alimentation durable y était, accompagné de plusieurs de ses membres et collaborateur-trice-s du pays. Le RAD a aussi organisé une rencontre pré-Sommet la veille de cet événement avec différentes ONG et intervenant-e-s du milieu académique afin de les informer sur les initiatives du gouvernement fédéral concernant la politique alimentaire.
Il est vrai que le programme du Sommet était très ambitieux. Au cours de ces deux jours, les participant-e-s ont pu entendre le Ministre de l’Agriculture et de l’Agroalimentaire, Lawrence MacAulay, ainsi que de haut-e-s fonctionnaires issu-e-s de l’AAC et de Santé Canada : le secrétaire parlementaire Jean-Claude Poissant (Agriculture et Agroalimentaire), Yvonne Jones (Affaires autochtone et du Nord) et Adam Vaughan (Familles, Enfants et Développement social). Ayant longtemps insisté sur le fait qu’une politique alimentaire nationale effective doive être intégrée et développée avec une approche pangouvernementale, le RAD s’est réjouit de voir des représentant-e-s provenant de multiples départements réuni-e-s à ce Sommet.
Les participant-e-s ont (voulu aller au-delà de la vision globale de la politique alimentaire nationale et de ses principes directeurs, et se sont engagé-e-s dans des discussions approfondies sur chacun des quatre piliers proposés par le gouvernement, soit :
- d’accroître l’accès à des aliments abordables ;
- d’améliorer la santé et la salubrité des aliments ;
- de préserver la qualité des sols, de l’eau et de l’air ; et
- de produire une plus grande quantité d’aliments de qualité supérieure.
Il n’arrive pas souvent que nous ayons l’opportunité d’aborder ces enjeux dans un contexte porté par le gouvernement, et qui plus est, avec la présence d’agriculteur-trice-s, de représentant-e-s de banques alimentaires et de centres d’alimentation communautaires, de leaders autochtones, d’environnementalistes, d’associations industrielles, de fondations, de nutritionnistes, d’académicien-ne-s et d’autres personnes qui se retroussent les manches pour discuter de la manière d’améliorer notre système alimentaire.
Le gouvernement a entendu haut et fort que le redressement de l’insécurité alimentaire n’est pas qu’une simple question d’abordabilité ou d’accès au marché, mais plutôt un enjeu relié aux droits humains, à la souveraineté alimentaire autochtone et au soutien économique pour le revenu qui est vital. Sur l’enjeu de la conservation des sols, de l’eau et de l’air, les participant-e-s ont pressé le gouvernement d’y inclure la protection des terres et de la biodiversité. De plus, des questions ont également été soulevées à savoir si “produire une plus grande quantité d’aliments de qualité supérieure” devrait être un objectif de la politique alimentaire nationale ou si l’emphase devrait plutôt être mise sur l’amélioration de la durabilité et du mode de distribution existant dans notre système alimentaire, la réduction du gaspillage alimentaire, ainsi que l’amélioration de la qualité de vie des agriculteur-trice-s, des travailleur-euse-s et des entrepreneur-euse-s.
Alors qu’ une incroyable diversité de propositions et de perspectives innovantes ont été mises de l’avant, quelques idées réapparaissaient constamment lors de ces deux jours. La première est le besoin d’instaurer une nouvelle structure de gouvernance qui puisse permettre à la société civile d’avoir une réelle voix à la table des négociations et qu’elle puisse également s’assurer que cette politique alimentaire nationale ne devienne pas qu’un autre document aboutissant sur une tablette. La seconde idée est la nécessité de ne pas se limiter à seulement consulter les communautés autochtones, mais aussi de reconnaître et de respecter les gouvernements autochtones, ainsi que de s’engager à leurs côtés dans les différents paliers du gouvernement (provincial/territorial et municipal). Enfin, plusieurs questions ont été soulevées pour saisir comment cette politique nationale pourrait être implantée, et en particulier pour savoir si un engagement financier est prévu pour soutenir ses objectifs et priorités, ainsi que les nombreuses innovations qui sont en train de prendre forme au pays.
Le Sommet de l’alimentation a été, à plusieurs égards, un moment historique pour le mouvement alimentaire du Canada, car il nous a donné l’occasion de nous rassembler et d’unir nos voix pour presser le gouvernement fédéral d’adresser les nombreux enjeux auxquels notre système alimentaire fait face. Et la conversation n’est pas terminée. Au cours de l’été, le gouvernement organisera des événements de consultation régionaux (plus de détails suivront) et les député-e-s de tous les partis politiques ont été encouragé-e-s à tenir des événements dans leur propre comté. Le premier d’entre-eux se tiendra le 5 juillet 2017 à Toronto.
Vous aussi pouvez rejoindre la conversation! Partagez vos idées sur les réseaux sociaux avec le mot-clic #PolitiqueAlimentaireCanada, écrivez à votre député pour lui dire que vous êtes préoccupé-e par la politique alimentaire nationale et assurez-vous de répondre au sondage en ligne du gouvernement avant le 27 juillet prochain.
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