Minces cueillettes pour la politique alimentaire sur le budget fédéral de 2018

Avec de nouvelles décisions qui viendront plus tard cette année au sujet de la politique alimentaire nationale et la stratégie de saine alimentation, il est décevant de voir le système alimentaire canadien et ses retombées ne pas être adressé directement dans le budget de 2018. Nous comptons 14 références à l’alimentation et 72 sur les droits, mais l’approche cohésive pour avancer le dossier de l’alimentation saine, juste et durable pour tou(te)s les Canadien(ne)s est manquante.

Fondamentalement, est-ce que ce budget permettra aux personnes vivant dans l’insécurité alimentaire de mieux manger? D’après l’approche du Centre canadien de politiques alternatives (CCPA) et de Canada sans pauvreté, cela aura un impact limité sur la pauvreté. Tout comme Banques alimentaires Canada, le CCPA salue la nouvelle image de marque de Bâtir une classe moyenne forte comme “un pas dans la bonne direction”. Des mesures, telles l’augmentation de la participation des femmes dans l'économie et la lutte contre l'écart de pauvreté des populations autochtones, peuvent aussi faire une différence.

Égalité des sexes

Au sujet du titre choisis, faisant référence à l'égalité des sexes, «moins de femmes et d’enfants vivent dans des ménages en situation d’insécurité alimentaire» est un indicateur clé dans le Cadre des résultats relatifs aux sexes qui désormais accompagne le budget. On y retrouve, dans cette section, la plus claire reconnaissance du lien entre la pauvreté, l'insécurité alimentaire et leurs impacts sur les ménages, mais sans toutefois y attacher de budget.

Réconciliation

La réconciliation jouit d’une place importante. On y retrouve une augmentation des budgets pour des services depuis longtemps attendus incluant la question de l’eau, du logement, des services aux familles et enfants, sans oublier un engagement renouvelé envers la reconnaissance et la mise en oeuvre des droits des peuples autochtones. Néanmoins, il y a très peu de reconnaissance des systèmes alimentaires autochtones et aucune mention de la souveraineté alimentaire. Le gouvernement de Nunavut sera habilité à gérer la faune relative à la récolte autochtone pour le gibier.

Technologies et innovations

L’accent considérable mis sur la recherche et l’innovation scientifique et technologique est en partie lié aux objectifs de croissance des exportations, tel qu’identifié par Barton. L’agroalimentaire est déjà ciblé comme l’un de nos six pôles prioritaires de croissance, étant inclus dans l’une des Supergrappes d’innovation ainsi que dans l’une des Tables sectorielles de stratégies économiques pour donner à l’industrie une (autre) voix au sein du gouvernement.

Ce budget ajoute un soutien additionnel pour réglementation intelligente, la numérisation, la propriété intellectuelle et les services d’exportation.

Agriculture

Le National Farmers Union note que ces soutiens sont orientés vers la production à haut niveau d’intrants et à forte concentration de capital, ce qui mène à de plus grandes fermes, moins de fermiers, et moins de capitaux circulant dans les communautés rurales. La «réglementation intelligente» vaut aussi la peine d’être surveillée, étant donné que les multinationales semencières exercent des pressions pour accélérer l’approbation des OGM indépendamment des répercussions sur le marché.

Il est décevant qu’il n’y ait aucune mention de l’innovation sociale. Nous saluons l’importante croissance pour le soutien à la recherche publique, en espérant que cela laisse moins de place pour la recherche financée par l’industrie, dominante dans les secteurs telle que la bio-technologie.

En terme d’agriculture, les activistes de Kingston ont reçu la bonne nouvelle que les prisons agricoles, qui font l’admiration de plusieurs, seront rétablies dans les pénitenciers de Joyceville et de Collins Bay. Une nouvelle possibilité de prêt pour les femmes «entrepreneures» en agriculture (pas nécessairement pour des fermières) sera incluse dans le programme de Financement agricole Canada (FAC). Toutefois, les problèmes systémiques de FAC quant à sa mentalité de «voir grand ou rester chez soi» et l’endettement des fermiers persistent. Les priorités clés, comme l'accès à la terre, aux capitaux, à la formation et à la main-d’oeuvre pour la nouvelle génération de fermiers restent sans réponses. Au même titre que les annonces faites plutôt ce mois-ci sur les priorités du Partenariat canadien pour l’agriculture (PCA) pour les cinq prochaines années, c’est une faible cueillette pour les nouveaux fermiers.

Les zones protégées récoltent le plus d’attention et de nouvel argent au chapitre de l'environnement. Le Fonds du leadership pour une économie à faibles émissions de carbone de 2017 est mis en évidence, incluant le soutien pour la transition agricole au Québec et en Ontario, mais cette mesure demeure complètement éclipsé par l’emphase mis sur l'agriculture et l'agro-alimentaire à des fins de croissance et d’exportations.

Santé

La santé est dominé par l’annonce de Pharmacare, avec une faible reconnaissance des liens entre la diète et la santé. Le 1er mars 2018 a eu lieu la Grande croquée; malheureusement, aucune mention n’est faite de l’alimentation scolaire dans le budget.

En conclusion, le mouvement alimentaire a beaucoup à faire dans les mois à venir. Ce sera un moment clé pour faire pression sur Une politique alimentaire pour le Canada - et s’assurer d’y retrouver les fonds nécessaires - pour nous conduire vers la faim zéro, une alimentation saine et sûr, et des systèmes alimentaires durables.