Lancement du guide alimentaire : un survol des réactions
Le nouveau Guide alimentaire canadien a été dévoilé le 22 janvier au célèbre marché Jean-Talon, à Montréal. Notre équipe fut très heureuse d'y assister. Nous avons salué les nouvelles recommandations qui vont au-delà de ce que l’on mange pour s’adresser à la façon dont nous mangeons en encourageant la consommation d’aliments d’origine végétale et moins d’aliments ultras transformés, tout en recommandant de manger ensemble et d’être plus conscient de ce que nous mangeons.
Ceci dit, nous croyons que les nouvelles recommandations ouvrent la voie à d’importantes considérations : celles de l’influence de la pauvreté et de l’insécurité alimentaire sur l’alimentation et la santé ainsi que de la considération de la dimension culturelle et des impacts environnementaux de nos choix alimentaires. Des membres du RAD, ainsi que d'autres commentateurs ont attiré l'attention sur ces défis considérables.
Il est nécessaire de changer la manière dont nous appuyons le système agricole pour produire des aliments prisés (ex. des fruits et légumes nutritifs) qui sont plus accessibles physiquement et financièrement. « There is a huge demand for affordable, accessible and culturally diverse produce that our government should be doing more to address. » Affirme Paul Taylor, directeur général à FoodShare Toronto dans son texte d'opinion sur l'accès et l'inégalité, publié dans The Star.
De plus, l'augmentation des dépenses publiques générées par les maladies chroniques coûte des billions de dollars aux contribuables canadiens. « Diet-related diseases are the single biggest risk factor for death and disability in this country...They cost our health-care system $26 billion every year. And this massive health inequity diminishes us as a society. » Indique Nick Saul, président et PDG de Community Food Centers of Canada dans son texte d'opinion sur la pauvreté, publié dans Maclean's.
Treena Delormier, professeure associée à l'École de la nutrition humaine de McGill, souligne que la sécurité et la souveraineté alimentaire sont centrales dans les discussions sur la nutrition pour les peuples autochtones. Dans un article du APTN news, elle note qu'à présent les aliments traditionnels ont été identifiés comme importants et nutritifs. Sa prochaine question est donc : « how do we now make programs, or learn from other programs, that support […] communities to access food that is their right to access? »
Comme le guide alimentaire est largement utilisé dans les écoles et d'autres institutions publiques, le lancement a attiré l'attention sur la campagne en cours pour un programme de saine alimentation scolaire fédéral. La coordonnatrice de la Coalition pancanadienne pour une saine alimentation scolaire, Debbie Field, a réagi positivement face au guide alimentaire dans le Montreal Gazette, mais en notant que « sans investissement fédéral pour la saine alimentation scolaire, cet outil n’aura pas les effets escomptés. »
Alors que le mur de protection tant acclamé de Santé Canada contre les industries privées se dressait durant la préparation du nouveau guide, les industries ont fortement riposté dans les médias et à travers d'autres canaux gouvernementaux. Avec deux autres piliers essentiels de la stratégie en matière de saine alimentation toujours en jeu ( le projet de loi S-228 pour restreindre la publicité « d'aliments moins sains » destinées aux enfants et la réglementation de l'étiquetage sur le devant de l'emballage pour les aliments riches en sodium, en gras saturés et en sucre), est-ce le processus de construction de politiques appuyé par la science dans l'intérêt du public l'emportera à nouveau? Apprenez en plus sur ces deux piliers ici.
Finalement, comme Diana Bronson explique lors d'une entrevue avec Global News, le guide alimentaire n'est pas l'outil miracle qui réparera notre système alimentaire. Le succès du guide reposera dans son implémentation durant les prochaines années : il doit être adéquatement employé dans les cafétérias scolaires et sur les menus des hôpitaux, et surtout, la question de la sécurité du revenu doit être traitée.
Vous aimeriez peut-être lire aussi :
Beaucoup de changements au menu du guide alimentaire | Le Devoir, 23 janvier 2019 | Par Annabelle Caillou
Le nouveau «Guide alimentaire canadien» enfin dévoilé | Le Devoir, 23 janvier 2019 | Par Annabelle Caillou
Étiquetage nutritionnel et marketing alimentaire ciblant les enfants: à nous d’y voir! | 100° Magazine , 18 janvier 2019 | Par François Grenier
Autres ressources en anglais:
New Canada's Food Guide is a giant step forward, dietitians say | Montreal Gazette, January 22, 2019 | By Catherine Solyom (Covering school food, sustainability and food security)
Canada’s new Food Guide is a good upgrade, but skirts around issues of inequality | The Globe and Mail, January 22, 2019 | By André Picard
Canada's new food guide might be free of industry influence, but the great food fight isn't over yet | CBC.ca, January 26, 2019 | by Kelly Crowe
Northern foods are now on the plate in Canada's new food guide | CBC.ca, January 30, 2019 | by Sara Frizzell and Katie Toth
Haut: Ministre PetitPas Taylor et Debbie Field (Coordonnatrice, Coalition pour une saine alimentation scolaire) Bas: Démonstration du guide alimentaire lors du lancement Crédit: Ministère de la Santé |
Debbie Field (Coordonnatrice, Coalition pour une saine alimentation scolaire), Diana Bronson (Réseau pour une alimentation durable), Jennifer Reynolds (Coordonnatrice du programme d'alimentation institutionnelle, Réseau pour une alimentation durable) |
|
- Identifiez-vous pour poster des commentaires