Bulletin d'informations exclusives sur la politique alimentaire nationale pour les membres du RAD - Publication numéro 2

Chers membres du RAD,

Les consultations gouvernementales concernant la Politique alimentaire nationale ont été lancées avec un échéancier plus court que prévu, et nous nous retrouvons dans un moment critique pour faire entendre notre voix. Si vous avez besoin d’un rappel sur la politique alimentaire nationale, commencez par lire notre foire aux questions.

Le lancement des consultations publiques gouvernementales

Le ministre de l’agriculture, Lawrence MacAulay, a lancé les consultations publiques pour une Politique alimentaire nationale le 29 mai dernier, lors de la conférence de l’Association canadienne des études sur l’alimentation à l’Université Ryerson (on peut considérer le choix de cet emplacement hospitalier au RAD comme un signe positif). Les consultations prendront fin en septembre et la politique devrait être développée au courant de l’automne et au début de l’hiver, pour aboutir à un lancement officiel au “début 2018”.

Notre impression générale est que ce processus est extrêmement court, rendant de ce fait l’organisation des parties prenantes plus difficile, notamment pour les agriculteurs et les agricultrices qui sont dans leur période la plus occupée de l’année. On ne peut s’empêcher de penser que tout cela n’est qu’une mise en scène issue de l’ambitieux agenda de la Commission Barton, qui est surtout axé sur la croissance économique, et de l’initiative des cinq supergrappes qui promeuvent la croissance économique du budget fédéral (avec un budget totalisant 950 millions de dollars). D’ailleurs, l’une de ces supergrappes est dédiée au secteur de l’agriculture et de l’agroalimentaire. Ce sera donc à la société civile d’aller de l’avant avec un agenda plus ambitieux prenant en considération une vision globale de l’innovation, ainsi que de réclamer une gouvernance alimentaire plus démocratique.

Les quatre thèmes mis de l’avant par le gouvernement pour les consultations sont :

• accroître l’accès à des aliments abordables ;

• améliorer la salubrité des aliments et la santé ;

• préserver la qualité des sols, de l’eau et de l’air ;

• produire une plus grande quantité d’aliments de qualité supérieure.

Le RAD s’efforcera d’engager ses membres en utilisant tous les canaux disponibles pour amplifier le programme du mouvement alimentaire. Lorsque les consultations publiques ont été lancées, le RAD a publié ses cinq grandes idées pour un meilleur système alimentaire au moyen d’un communiqué de presse et des médias sociaux. Ce document, ainsi que le document de réflexion qui a été publié auparavant, D’une mosaïque complexe vers une politique cohérente: principes et priorités d’une politique alimentaire nationale au Canada, représentent les fondements même de notre message. La première grande idée est le droit à l’alimentation et nous voulons qu’un cadre sur les droits humains soit inclus dans la politique alimentaire pour des motifs opérationnels et de fond. Nous sommes également en train d’accélérer l’élaboration d’une boîte à outils s’inspirant de la campagne Je mange donc je vote pour appuyer les événements consultatifs organisés par la communauté et qui prendront place cet été. De plus, nous voulons accroître notre engagement auprès des parlementaires et de certains départements qui ont également des plans ambitieux, et qui constitueront des éléments de la politique nationale, telles que la Stratégie en matière de saine alimentation de Santé Canada et la Stratégie de réduction de la pauvreté de l’EDSC.

Vous pouvez passer le mot sur les réseaux sociaux en partageant les publications du RAD ou en créant les vôtres en utilisant le mot-clic #PolitiqueAlimentaireCanada. 

Les principaux aspects du processus de consultations sur la politique alimentaire nationale sont :

• Sommet de l’alimentation d’Ottawa, les 22-23 juin 2017

Ce Sommet est un événement accessible sur invitation seulement et où près de 300 personnes sont attendues. Ce sera probablement notre seule grande chance d’influencer le processus en cours. Le RAD est en train de préparer cinq courts documents s’inspirant des cinq grandes idées dans le but de les présenter au Sommet. De plus, nous organiserons également une pré-réunion stratégique pour nos membres et les invités intéressés à y assister dans l’après-midi du mercredi 21 juin à Ottawa. Cet événement sera suivi d’un souper informel qui sera une bonne opportunité de se retrouver tous ensemble (auto-organisé). Le RAD préparera aussi des points de discussion pour la pré-réunion en lien avec l’ordre du jour du Sommet afin de se préparer et s’adapter aux sujets de discussion. Veuillez contacter Amanda Wilson le plus rapidement possible si vous êtes invité-e au Sommet d’Ottawa et n’êtes pas encore sur notre liste.   

• Consultation publique en ligne, ouverte jusqu’au 27 juillet

La consultation publique disponible en ligne sur la politique alimentaire est ouverte pour seulement deux mois et est bien moins ambitieuse que les récentes démarches mises de l’avant par la Stratégie en matière de saine alimentation de Santé Canada ou encore la Stratégie de réduction de la pauvreté. La consultation repose sur 4 grands piliers mentionnés ci-haut et est organisée de manière rigide autour de “comment les objectifs doivent être priorisés pour une action à court terme”. En fait, ordonner ces objectifs revient en quelque sorte à choisir entre l’oeuf ou la poule. Le questionnaire est décevant pour les personnes soutenant une approche intégrée pour la politique alimentaire - l’essence même de considérer la santé, l’environnement et l’équité comme un tout - sans toutefois négliger un élément au dépend d’un autre. La dernière question facultative sur les principes directeurs survole l’approche systémique, mais les enjeux doivent encore être placés par ordre d’importance. Néanmoins, le RAD encourage la participation du mouvement alimentaire en utilisant les 5 grandes idées pour un meilleur système alimentaire comme guide pour répondre aux quelques questions ouvertes.

• Évènements régionaux, consultations et députés

Agriculture et Agroalimentaire Canada (AAC) organisera cinq ou six consultations régionales au cours du mois d’août ou septembre, mais aucune information supplémentaire n’est encore disponible pour le moment. Par ailleurs, l’AAC prépare une boîte à outils pour les députés et leurs engagements auprès de leurs concitoyens sur la politique alimentaire nationale, juste à temps pour la “saison des bbq”. La députée Julie Dabrusin a avisé le caucus libéral travaillant sur la politique alimentaire de son intention de tenir un événement à ce sujet, encourageant ses collègues à en faire de même.

Le RAD négocie présentement un contrat modeste avec l’AAC, afin d’organiser quelques événements communautaires et des consultations sous forme de webinaires au courant de l’été. Une fois que le contrat sera officialisé, nous inviterons nos membres, selon leurs intérêts et leur réalité géographique, à co-organiser ces consultations avec nous. Si vous désirez vous impliquer, veuillez SVP communiquer avec Jennifer Reynolds.

Rencontre de la Fédération canadienne de l’agriculture, le 5 juin à Ottawa

Le RAD a conseillé et participé à une rencontre multipartite organisée par la Fédération canadienne de l’agriculture (FCA) portant sur la possibilité de “trouver un cadre commun” pour la politique alimentaire nationale. Cette rencontre rassemblait notamment le milieu de l’industrie, le gouvernement et quelques représentants de la société civile. Cet évènement a suivi la rencontre surnommée l’Assemblée de Guelph qui a eu lieu un peu plus tôt cette année (article disponible en anglais seulement). Avec des panélistes adressant chacune des 4 thématiques de consultation du gouvernement, un large éventail d’opinions a été entendu. Des thèmes portant sur les enjeux concernant la santé et la nutrition, ainsi que les droits humains et l’insécurité alimentaire, ont alimenté la table de discussion traditionnellement dominée par les intérêts à grande échelle du secteur agricole et agroalimentaire.

Mise à jour sur la Stratégie en matière de saine alimentation de Santé Canada

La Stratégie en matière de saine alimentation de Santé Canada est formulée autour de six priorités : revoir le Guide alimentaire canadien, restreindre la publicité des boissons et des aliments mauvais pour la santé destinée aux enfants, mettre à jour l’étiquetage (tableau nutritionnel et étiquetage des sucres, sodium et gras trans sur le devant des emballages), éliminer les gras trans industriels, réduire le sodium et améliorer le programme Nutrition Nord Canada.

Le samedi 10 juin, Santé Canada a lancé deux phases de consultations additionnelles faisant partie d’une stratégie plus vaste qui vise à restreindre la publicité de boissons et d’aliments mauvais pour la santé destinée aux enfants. Ces deux consultations seront ouvertes jusqu’au 25 juillet et coïncident avec la fin des consultations portant sur la politique alimentaire nationale. Le nouveau Guide alimentaire canadien représente une rupture avec la tradition - qui se concentre davantage sur comment la nourriture est consommée plutôt que les nutriments qu’elle contient - et promet de devenir un pilier de la nouvelle politique alimentaire.

De plus, Santé Canada a récemment publié un avis de proposition visant à interdire l’utilisation des huiles partiellement hydrogénées dans les aliments d’ici 2018, et évalue présentement l’adoption de cibles volontaires de l’industrie pour réduire le sodium. Par ailleurs, Santé Canada développe aussi de nouvelles étiquettes nutritionnelles. 

Alors que les groupes industriels étaient exclus des premières séries de consultations du Guide alimentaire canadien, plusieurs d’entre eux reviennent à la charge concernant certains éléments de la Stratégie pour une saine alimentation, dont l’étiquetage des sucres, sodium et gras trans sur le devant des emballages, car il est perçue comme une menace par le secteur de la transformation. D’ailleurs, la Fédération canadienne de l’agriculture et l’association des Produits alimentaires et de consommation du Canada ont écrit une lettre destinée à l’AAC, en prenant soin d’envoyer une copie à Santé Canada. Ils ont également écrit une lettre d’opinion dans le journal Options politiques dans laquelle la question de l’étiquetage est décrite comme “alarmiste”.

Avec ce contrecoup, la Stratégie de Santé Canada en matière de saine alimentation mérite un soutien actif sur les médias sociaux.

Conclusion

En conclusion, nous avons très peu de temps pour maximiser notre impact pendant le processus de consultations ouvert cet été, et nous saisirons toutes les opportunités qui s’offriront pour construire notre mouvement. Ce sera un travail de très longue haleine !

L'équipe du Réseau pour une alimentation durable.