COVID-19 met en évidence les inégalités du système alimentaire : le temps est venu pour un changement systémique
PUBLIÉ LE 18 MARS 2020, MISE À JOUR 19 MARS 2020 –
Les inquiétudes concernant l'insécurité alimentaire et la souveraineté alimentaire sont amplifiées par le COVID-19. Aujourd'hui, le gouvernement du Canada a annoncé qu’il fournirait « aux travailleurs et aux entreprises du Canada un soutien direct pouvant atteindre 27 milliards de dollars. [Les mesures] prévoient également 55 milliards de dollars pour répondre aux besoins de liquidités des familles et des entreprises canadiennes au moyen de reports d’impôts. Cela contribuera à stabiliser l’économie. » Il s'agit notamment d'aider les Canadiens à payer leur loyer et leur épicerie grâce à diverses mesures de soutien au revenu, au crédit disponible pour les petites entreprises et les agriculteurs, et à toute une série d'autres mesures d'aide.
Les dernières statistiques publiées la semaine dernière par PROOF montrent que l'insécurité alimentaire est en hausse, ce qui nous éloigne de l'objectif de développement durable des Nations unies de « faim zéro » d'ici 2030. Cet objectif a été adopté par le gouvernement du Canada en 2015 et rejoint la Politique alimentaire pour le Canada. COVID-19 risque d'aggraver considérablement la situation. Nous sommes donc soulagés de voir que le gouvernement du Canada a saisi l'occasion de donner la priorité aux besoins des plus vulnérables de notre société en matière d'accès aux nécessités de la vie. Il s'agit notamment de soutenir les ménages les plus touchés, les personnes ayant un emploi précaire, les sans-abri et les travailleurs en situation de pauvreté, dont beaucoup travaillent dans les secteurs de la production et de la transformation alimentaires et de la restauration. Le gouvernement a également reconnu à juste titre les besoins uniques des peuples autochtones dans le cadre de cet ensemble de mesures. Les faits montrent que les communautés racialisées sont également touchées de manière disproportionnée par l'insécurité alimentaire. Il reste à voir si ces mesures seront suffisantes. Le Réseau pour une alimentation durable communiquera davantage à ce sujet au fur et à mesure de leur mise en œuvre.
En plus de protéger la santé publique immédiate des Canadiens, cette crise est l'occasion de renforcer notre système alimentaire dans son ensemble, de revitaliser les économies rurales, d'améliorer la santé des Canadiens et de renforcer la résilience - au changement climatique et aux autres bouleversements du système - maintenant et à l'avenir. Nous espérons que les détails de ce programme de soutien seront l'occasion de contribuer au type de transition profonde dans l'alimentation et l'agriculture qui mènera à des systèmes alimentaires sains, justes et durables de manière immédiate et pratique. Les organisations de la société civile possèdent une vaste et inestimable expertise du terrain, non seulement en termes d'aide alimentaire d'urgence et de création de centres alimentaires communautaires, de carrefours et de programmes alimentaires scolaires, mais aussi en matière de mise en relation des petits producteurs, transformateurs, distributeurs, grossistes et détaillants de denrées alimentaires de manière à approvisionner les marchés locaux canadiens. La crise actuelle offre au gouvernement du Canada une occasion de soutenir et de permettre ces efforts nationaux et souvent locaux, et de s'éloigner d'une économie alimentaire excessivement orientée vers l'exportation. Nous devons redéfinir les priorités en matière de renforcement de nos systèmes alimentaires nationaux afin de répondre aux besoins de tous les Canadiens d'une manière plus saine, plus équitable et plus durable.
Pour en savoir plus sur les dernières statistiques sur l'insécurité alimentaire au Canada, rejoignez-nous pour un webinaire avec Valerie Tarasuk de PROOF le jeudi 26 mars à 12h30 (heure de l'Est). Inscrivez-vous ici. |