Dans l’attente d’une politique alimentaire canadienne

Mardi, 24 juillet, 2018 - 16:12

Après plusieurs années de plaidoyer réalisées par le Réseau pour une alimentation durable (RAD) et d’autres entités, en novembre 2015, le gouvernement Trudeau a demandé au ministre de l'Agriculture et de l'Agroalimentaire (AAC), de diriger l’élaboration d’une politique alimentaire nationale. La politique devant être initialement annoncée en mai 2018, des consultations en ligne et en personne ont eu lieu à la hâte au cours de l’été 2017. Mais nous attendons toujours le rapport Ce que nous avons entendu provenant de ces audiences, sans parler de la politique elle-même. Nous espérons que ce processus prolongé signifie qu’un instrument important vers un système alimentaire plus sain et plus durable est en cours.

 

L’agenda politique du mouvement alimentaire

En attendant, le RAD a activement poursuivi son agenda politique. Retrouvez toutes nos positions politiques y compris notre résumé sur les Cinq grandes idées pour un meilleur système alimentaire.

Au cas où vous l’auriez manqué, voici quelques actions que nous avons posé pour défendre notre position au cours des derniers mois:

  • Assemblée virtuelle avec les membres du RAD, afin de partager leurs avis face à la réponse décevante du gouvernement dû au rapport de décembre du Comité permanent de l'agriculture et de l'agroalimentaire (AGRI) sur Une politique alimentaire pour le Canada. Plus d’informations ici.

  • Vidéo conférence du Conseil national des politiques alimentaires organisée conjointement par le RAD, l’université de Carleton et d'Ottawa et le Community First: Impacts of Community Engagement (CFICE). Sous la direction du professeur Peter Andrée, le groupe d'experts a expliqué la raison d'être du Conseil et le processus qui a permis d'établir un consensus intersectoriel.

Il convient de noter qu’Agriculture et Agro-alimentaire Canada (AAC) a présenté un rapport sur ses consultations avec les Premières nations concernant les questions agricoles, leurs programmes et plans futurs, notamment le Partenariat Agricole Canadien et Une Politique Alimentaire pour le Canada. Le rapport “Ce que nous avons entendu” a été publié en juin avec huit thèmes mis en évidence, y compris, bien sûr, l'accès à la terre.

 

Tour d’horizon parlementaire

Pendant ce temps, les députés et les sénateurs ont défendu l’alimentation scolaire et la nourriture locale. La Coalition pour une saine alimentation scolaire a publié un communiqué de presse à l'appui de la motion du sénateur Art Eggleton demandant au gouvernement fédéral de lancer un programme national de nutrition pour les enfants et les jeunes. La motion no.358 du sénateur a été présenté à la mi-juin et sera débattu lors de la prochaine session du Sénat. Nous avons également été ravis d'apprendre que la Fédération canadienne des municipalités a approuvé l'appel de la Coalition en faveur d'un programme universel de saine alimentation scolaire.

Le 7 juin 2018, la Coalition a été invitée par le Comité permanent de la santé de la Chambre des communes à témoigner pour l'étude du Guide alimentaire canadien. Bien que la réunion ait malheureusement été annulée le jour de la présentation, le mémoire, qui souligne la possibilité d'un programme national d'alimentation scolaire universelle pour donner vie au Guide alimentaire canadien pour les enfants et les jeunes, est téléchargeable sur le site Web de HESA.

Le RAD a également accueilli favorablement le projet de loi C-281, présenté par le député Wayne Stetski, qui fait du vendredi avant l’Action de grâce la Journée Nationale de l'Alimentation Locale. Le projet de loi a reçu un appui unanime à la Chambre des communes à la deuxième lecture, il a été approuvé par le Comité de l'agriculture et passera maintenant au débat de troisième lecture lorsque la Chambre reprendra à l'automne. Voici des façons de soutenir cet effort. #CélébronslAlimentationLocale

 

Croissance économique des entreprises

Enfin, alors que nous sommes toujours en attente d’Une Politique alimentaire pour le Canada, le rythme de croissance du secteur s'accélère. Le Conseil consultatif sur la croissance économique a désigné le secteur agroalimentaire comme secteur prioritaire de croissance des exportations. Leur «rapport Barton» établit un objectif ambitieux de 75 milliards de dollars pour les exportations agroalimentaires d'ici 2025, sans égard pour les marchés locaux et nationaux, la sécurité alimentaire ou les impacts sur les objectifs de changement climatique. Deux développements récents qui favorisent ce programme méritent d'être soulignés.

Premièrement, l’élimination des obstacles à l'innovation et à l'investissement dans l'agroalimentaire et l'aquaculture est l'objectif primordial d'un examen réglementaire sectoriel initié par le Conseil du Trésor du Canada dans son plan ministériel 2018-2019. Alors que les entreprises s'engagent déjà dans le processus, la participation de la société civile pourrait venir équilibrer le cas de l'industrie en amenant les préoccupations des autres parties prenantes à la table de discussion. De meilleurs résultats en matière de santé, de sécurité et d'environnement ne doivent pas être mis de côté dans la course à la croissance. Ceci est une chance d'aborder les «défaillances réglementaires» en cours, notamment : l'augmentation de la résistance aux antibiotiques ; les approbations tardives de « produits chimiques verts » pour la lutte antiparasitaire ; les protections environnementales incohérentes ou manquantes ; et la manipulation des gènes.

(En ce qui concerne l'établissement de normes, notez que les règlements découlant de la Loi sur la salubrité des aliments au Canada entreront en vigueur à compter de janvier 2019, étant en préparation depuis l'adoption de la Loi au Parlement en 2012.)

Deuxièmement, le statu quo règne à la Table de stratégie économique agroalimentaire, recommandée par le rapport Barton et dûment établie après le budget de 2017 comme une table ronde dirigée uniquement par des PDG présidée par les sous-ministres de l'Industrie et de l'Agriculture, John Knubley et Chris Forbes. Leur rapport provisoire (Agroalimentaire: Le secteur aujourd'hui et les possibilités pour demain) isolent également la croissance des considérations plus générales sur le système alimentaire canadien et les promesses politiques, y compris Une politique alimentaire pour le Canada. Les questions d'environnement, de santé et d'équité sont absentes des priorités identifiées par ce groupe influent.