Donner aux Canadiens des bases solides avec un revenu minimum garanti

Par Sacha McNicoll - Coordinatrice de la recherche et de l'évaluation chez Community Food Centres Canada. 

"Cet article a été publié le 3 août, 2015 pour la campagne Je mange donc je vote du Réseau pour une alimentation durable"  

Chaque année, l’équipe de Community Food Centres Canada procède à une évaluation des programmes sur tous les sites de nos partenaires. Nous discutons avec les participants et sommes témoins d’histoires inspirantes à propos de vies qui ont changées grâce à une bonne alimentation et de nouveaux liens d'amitié. Nous sommes aussi témoins d’histoires de vie vécues dans la pauvreté. Ces histoires relatent les choix difficiles faits par un Canadiens sur sept et va à l’encontre du vieille adage selon lequel les gens qui vivent dans la pauvreté doivent eux-même se prendre en main pour améliorer leur sort.

Cette année, j’ai discuté avec un travailleur accidenté dont les paiements d’invalidité ne couvraient pas ses besoins de base, avec un homme dont le divorce l’a laissé sans le sou, avec une femme qui n’était pas en état de travailler suite à un choc post-traumatique, ainsi qu’avec bien d’autres devant utiliser les services des banques alimentaires et des distributions de repas bien qu’ils ne correspondent aux stéréotypes qui peuvent être diffusés au sujet de la pauvreté.

Community Food Centres offre aux gens un endroit accueillant, un repas sain, un sentiment de sens et d’utilité, et une voix pour le changement. Mais nous avons besoin de plus. Ces histoires rendent évident le besoin urgent d’une action gouvernementale qui répondra efficacement au fait que quatre millions de Canadiens, dont 1.15 million sont des enfants, doivent s’inquiéter d’avoir quelque chose à mettre sur la table.

Community Food Centres Canada et le Réseau pour une alimentation durable s'associent pour proposer un changement effectif: nous demandons au gouvernement fédéral d’explorer la possibilité d’instaurer un revenu minimal garanti. Le revenu minimal — qui instaurerait un revenu de base sous lequel aucun Canadien ne pourrait tomber — est une solution qui a été proposée par d’éminents économistes, politiciens et activistes sociaux et ce depuis plusieurs décennies et pilotée dans cinq régions nord-américaines, incluant le Manitoba.

Tout Canadien dont les revenus passeraient sous un certain niveau recevrait un supplément par le biais du système fiscal, assurant de façon efficace qu’aucun Canadien n’ait plus à assurer sa subsistance avec un montant mensuel aussi absurde que 656$.[1]

Il s’agit sans doute d’une proposition dispendieuse. Les estimés varient entre 30 et 50 milliards, ce qui constitue environ 15% du budget fédéral. Mais avant de vous montrer critique envers ce chiffre, considérez que la pauvreté coûte actuellement aux Canadiens 86 milliards par année. Le revenu est le critère le plus important pour s'assurer une bonne santé. Durant les cinq années pendant lesquelles les résidents de Dauphin au Manitoba ont pu profiter d’un revenu minimal garanti, le taux d’hospitalisation a diminué de 8,5%. Etant donné que les séjours en milieu hospitalier comptent pour près de 30% des dépenses publiques de santé au Canada, une baisse de ce secteur de dépense sur l’ensemble du territoire nous ferait économiser des milliards.

Au delà des économies considerable en matière de santé publique, un revenu minimum de base améliorerait la réussite scolaire, réduirait le taux de criminalité, et permettrait de rémunérer les bénévoles du soin à domicile - sans même tenir compte du devoir moral de mettre fin à la pauvreté et à l’insécurité alimentaire au Canada.