Faisons en sorte que personne ne soit laissé pour compte en cette période de crise
JEUDI 19 MARS 2020 –
La semaine dernière, alors que le Canada commençait à prendre conscience de l'ampleur de la COVID-19, des gens de partout au pays avaient déjà du mal à s'en sortir. Selon les dernières données du centre de recherche sur la faim PROOF, l'insécurité alimentaire — le manque d'accès à la nourriture en raison de contraintes financières — a augmenté, un Canadien sur huit étant confronté à la faim. De plus, certains groupes sont encore plus à risque de souffrir d'insécurité alimentaire, les ménages autochtones et noirs étant au moins deux fois plus susceptibles de connaître la faim.
La crise actuelle a mis en évidence de nombreux points faibles de notre système alimentaire. Les organisations en sécurité alimentaire qui étaient déjà à bout de souffle se retrouvent aujourd'hui à un stade critique. Des milliers de travailleurs des services alimentaires, de la production et d'autres parties de la chaîne alimentaire voient soudain leur emploi disparaître. On se rend compte de plus en plus que les terres agricoles devraient être utilisées en priorité pour produire des aliments sains et durables destinés à la consommation des Canadiens, plutôt que pour produire des denrées destinées à l'exportation. Et dans chaque communauté, ceux qui luttent déjà pour mettre de la nourriture sur la table sont confrontés à la tâche impossible de nourrir leur famille, sans parler de faire des provisions.
Mais cette crise est aussi marquée par une incroyable solidarité : les organisations à but non lucratif (banques alimentaires, centres alimentaires communautaires, carrefours alimentaires, programmes alimentaires communautaires et scolaires) se joignent aux agriculteurs et aux détaillants pour affirmer qu'ils continueront à faire de leur mieux pour nourrir les Canadiens. Les voisins se tendent la main pour faire l'épicerie. Beaucoup se portent volontaires pour livrer des repas à ceux qui doivent rester à la maison.
Nous sommes à un moment unique où, aussi rapidement que le coronavirus nous a séparés, notre pouvoir collectif nous a réunis de manière créative. Bien que nous puissions nous sentir impuissants lorsque nous pratiquons la distanciation sociale, il existe de nombreuses façons d'aider nos communautés.
Comme de nombreuses organisations communautaires comptent sur l'aide de bénévoles, le moment est venu pour ceux qui sont en bonne santé et qui peuvent le faire de passer quelques heures à aider à trier et à emballer des boîtes de nourriture. Les programmes de livraison de repas pour les personnes âgées ou handicapées peuvent faire appel à des chauffeurs supplémentaires. Les organisations en sécurité alimentaire peuvent également bénéficier de dons en argent, car elles sont en mesure de transformer chaque dollar donné en trois dollars de nourriture grâce à des achats en gros.
Le Réseau pour une alimentation durable a dressé une liste de ce dont les organisations du secteur alimentaire ont besoin dans tout le pays, mais le besoin est sans aucun doute beaucoup plus grand. Comme beaucoup d'entre nous avons plus de temps pour réfléchir, que cela nous incite à prendre le téléphone et à appeler une organisation locale, un voisin ou un ami pour offrir de l'aide.
Bien entendu, des changements plus importants seront nécessaires pour éviter que nos voisins ne soient mis dans des situations financières aussi précaires. Pour résoudre l'insécurité alimentaire, nous devons nous attaquer à la pauvreté. Le droit à l'alimentation est inscrit dans la loi, et le gouvernement a l'obligation de respecter ce droit. Le droit à l'alimentation implique que la faim et l'insécurité alimentaire ne doivent pas être laissées aux seules mains de la charité. Cela signifie qu'Ottawa collaborerait avec les provinces et les territoires pour augmenter les aides financières et instaurer un salaire minimum vital obligatoire afin de garantir un revenu de base en dessous duquel personne ne peut tomber - de sorte que tous les Canadiens puissent se permettre une alimentation nutritive adéquate et culturellement appropriée. Il s'agirait également de reconnaître et de soutenir la souveraineté alimentaire et les droits fonciers des autochtones.
Alors que nous travaillons à ce changement plus global, nous célébrons le fait qu'en ce moment même, de petits actes de courage renforcent nos communautés et transforment nos systèmes alimentaires d'une manière qui nous échappe encore. Les Canadiens ont droit à un avenir où la nourriture est saine et durable et accessible à tous. Ne ratons pas cette occasion unique de progresser vers cet objectif, et continuons à agir ensemble pour que personne ne soit laissé pour compte.
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