La mission sur le droit à l'alimentation dans la période des questions

3 mai 2012

Mme Jean Crowder (Nanaimo—Cowichan, NPD): Monsieur le Président, le rapporteur spécial de l'ONU pour le droit à l'alimentation s'apprête à accomplir sa toute première mission officielle en pays développé ici, au Canada. Lorsque le rapporteur de l'ONU sur la question du logement est venu au Canada, il en est ressorti un rapport accablant sur les conditions de vie des Métis, des Inuits et des Premières nations de notre pays, conditions de vie qui rappellent celles du tiers monde. La vérité, c'est que dans un trop grand nombre de ces collectivités, il n'y a tout simplement pas assez de nourriture. Quand le ministre acceptera-t-il de faire son travail et de rencontrer le rapporteur pour discuter de la crise qui frappe le Canada?

L'hon. John Duncan (ministre des Affaires autochtones et du développement du Nord canadien, PCC): Monsieur le Président, notre gouvernement continue d'aider les Autochtones partout au pays à élargir leurs possibilités économiques et à réaliser leur plein potentiel. Par le truchement de la formation axée sur les compétences et de mesures de stimulation de l'emploi, nous avons fait des investissements importants pour assurer aux Premières nations l'accès à la nourriture, au logement et à des débouchés économiques. Le rapporteur de l'ONU a fait une demande de visite au Canada et nous l'avons acceptée. Des représentants du gouvernement le rencontreront et nous attendons son rapportavec impatience.

7 mai 2012

Mme Ruth Ellen Brosseau (Berthier—Maskinongé, NPD): Monsieur le Président, 1 Canadien sur 10 et 1 famille monoparentale sur 5 sont affectés par l'insécurité alimentaire.  Aujourd'hui, le rapporteur spécial de l'ONU pour le droit à l'alimentation visite le Canada, son premier pays de l'OCDE.  Au lieu de l'accueillir et de prendre l'enjeu au sérieux, les conservateurs lui ferment la porte au nez.  Presque deux millions de Canadiens n'ont pas accès à de la nourriture saine.  Pourquoi le gouvernement continue-t-il d'ignorer ce problème?

L'hon. John Duncan (ministre des Affaires autochtones et du développement du Nord canadien, PCC): Monsieur le Président, depuis 2006, le gouvernement a investi d'importantes sommes dans les priorités communes établies avec les Premières nations, afin qu'elles puissent avoir accès à des aliments sains et abordables, à un logement, à l'éducation, à des installations de traitement des eaux et à des possibilités économiques. Nous continuerons de travailler avec nos partenaires des Premières nations pour veiller à ce qu'ils puissent participer pleinement à l'économie canadienne. En outre, le Canada a été le premier pays du G8 à respecter entièrement l'engagement financier qu'il a pris au Sommet des Nations Unies à L’Aquila en ce qui concerne l'agriculture et la sécurité alimentaire. Nos fonctionnaires rencontreront le rapporteur. Ils lui feront un compte rendu des programmes et initiatives que nous avons mis en oeuvre pour voir à ce que l'accès...

Mme Ruth Ellen Brosseau (Berthier—Maskinongé, NPD): Monsieur le Président, les ministres de la Santé, des Affaires autochtones, de l'Agriculture, des Pêches et des Affaires étrangères ont tous refusé de rencontrer le représentant des Nations Unies. Le gouvernement continue de nuire à la réputation du Canada sur la scène internationale en ignorant les enjeux relatifs à la sécurité alimentaire. Tous les Canadiens, toutes les familles et tous les enfants méritent d'avoir accès à des aliments sains, sûrs et nutritifs. Pourquoi le gouvernement conservateur refuse-t-il même d'aborder cette importante question?  

L'hon. John Duncan (ministre des Affaires autochtones et du développement du Nord canadien, PCC): Monsieur le Président, il va de soi que nous aborderons cette question avec le rapporteur. Nos fonctionnaires rencontreront le rapporteur. Ils lui feront un compte rendu des programmes et des initiatives que nous avons mis en oeuvre pour que la population ait accès à des aliments sains et abordables, et ils répondront à toutes les questions du rapporteur.

 

16 mai 2012

Ms. Jean Crowder (Nanaimo—Cowichan, NPD): Monsieur le Président, les conservateurs ignorent, une fois de plus, une des situations les plus honteuses qui soient au Canada. Nous avons pu constater l'étendue de la pauvreté dans les Premières nations lorsque notre parti, le NDP, a visité Attawapiskat l'automne dernier. Aujourd'hui, après avoir visité des collectivités autochtones du Canada, le rapporteur spécial des Nations Unies sur le droit à l'alimentation a déclaré qu'il a vu des « conditions de vie épouvantables et des personnes qui vivent dans des situations extrêmement précaires », mais leministre des Affaires autochtones a néanmoins refusé de le rencontrer lors de son passage à Ottawa. Comment le ministre peut-il continuer à nier le problème? Va-t-il se réveiller et donner suite aux recommandations du rapporteur?

L'hon. Leona Aglukkaq (ministre de la Santé et de l'Agence canadienne de développement économique du Nord, PCC): Monsieur le Président, j'ai rencontré le rapporteur spécial ce matin. C'est un intellectuel mal informé et condescendant qui étudie les Autochtones, les Inuits et l'Arctique canadien de loin. J'en ai profité pour le renseigner sur le Nord canadien, ainsi que sur les Autochtones qui dépendent de la faune qu'ils chassent chaque jour pour assurer leur sécurité alimentaire.

M. Jonathan Genest-Jourdain (Manicouagan, NPD): Monsieur le Président, ce n'est pas une question d'action fonctionnaire du ministère, c'est une question de volonté politique. Selon le reporter, les Autochtones au pays ne font pas seulement face à une pénurie de produits alimentaires; ils ont également de la difficulté à...

Le Président: Je regrette d'interrompre l'honorable député. Il y a beaucoup trop de conversations du côté éloigné de la Chambre. L'honorable député de Manicouagan a la parole.

M. Jonathan Genest-Jourdain: Monsieur le Président, ils ont également de la difficulté à avoir de l'eau potable. Le ministre des Affaires autochtones va-t-il encore garder la tête dans le sable, ou va-t-il finalement prendre le travail du reporter de l'ONU au sérieux et agir sur ses recommandations?

L'hon. Leona Aglukkaq (ministre de la Santé et de l'Agence canadienne de développement économique du Nord, PCC): Monsieur le Président, les Nations Unies et le rapporteur spécial sur le droit à l'alimentation ne livrent d'aliments à personne dans le monde. C'est en Inde, en Chine, en République démocratique du Congo, au Bangladesh, en Indonésie, au Pakistan et en Afrique subsaharienne que l'on retrouve 65 p. 100 des personnes affamées dans le monde. En dépit du Programme alimentaire mondial, 239 millions de personnes ont faim dans ces régions du monde.

 

16 mai 2012

L'hon. Carolyn Bennett (St. Paul's, Lib.): Monsieur le Président, selon le rapporteur spécial des Nations Unies sur le droit à l'alimentation, de nombreuses collectivités autochtones vivent, et je cite, « dans des conditions très désespérées [...] et extrêmement difficiles. » Nous savons que la ministre de la Santé ne dispose, malheureusement, d'aucune stratégie pour les Autochtones en matière de suicide, de dépendance à l'OxyContin ou, comme nous l'avons appris aujourd'hui, d'insécurité alimentaire. Quand la ministre de la Santé acceptera-t-elle l'invitation des Premières nations du Canada à visiter leurs collectivités afin de constater en personne les résultats de son échec...

Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît. La ministre de la Santé a la parole.

L'hon. Leona Aglukkaq (ministre de la Santé et de l'Agence canadienne de développement économique du Nord, PCC): Monsieur le Président, je le répète, j'ai rencontré le représentant des Nations Unies aujourd'hui. Je l'ai trouvé très mal informé et condescendant. En fait, il s'agit d'un de ces intellectuels qui s'intéressent aux Autochtones de l'Arctique sans jamais avoir mis les pieds sur le terrain et sans se mettre à notre place, ne serait-ce que pour une journée, pour bien comprendre les contraintes avec lesquelles les Autochtones du Canada doivent composer et les possibilités qui s'offrent à eux. Je le répète, il s'agit d'un de ces intellectuels qui débarquent, après nous avoir étudiés de loin, et qui tirent des conclusions comme s'ils avaient réponse à tout.

 

17 mai

Mme Jean Crowder (Nanaimo-Cowichan, NPD): Monsieur le Président, j'ai été sidérée d'entendre laministre de la Santé blâmer le rapporteur des Nations Unies pour le droit à l'alimentation d'avoir attiré l'attention sur le problème d'insécurité alimentaire qui sévit au sein des Premières nations ainsi que chez les Inuits et les Métis, d'autant plus que la présidente d'Inuit Tapiriit Kanatami, Mary Simon, confirme ses conclusions. En tout, 70 p. 100 des ménages inuits comptant de jeunes enfants n'ont pas accès à des aliments sûrs et salubres. Le gouvernement fait l'autruche. La première étape consiste à admettre qu'il y a un problème. La ministre va-t-elle au moins reconnaître que c'est le cas? The government is ignoring the facts. The first step is admitting there is a problem. Will the minister at least do that?

L'hon. Leona Aglukkaq (ministre de la Santé et de l'Agence canadienne de développement économique du Nord, PCC): Monsieur le Président, le rapporteur des Nations Unies devrait examiner la position de son propre pays sur la chasse au phoque et l'incidence qu'elle a sur les Inuits du Canada. Comment ose-t-il venir chez nous pour nous étudier et décréter ce qui est le mieux pour nous, Inuits, dans notre propre pays? Au lieu de venir ici et de nous dire quoi faire et ce qui est le mieux pour nous, il devrait examiner la position qu'a adoptée l'Union européenne sur la chasse au phoque et les effets qu'elle a sur la sécurité alimentaire des Inuits canadiens.

Mme Jean Crowder (Nanaimo-Cowichan, NPD): Monsieur le Président, les chiffres du gouvernement eux-mêmes font état de cet accès difficile à la nourriture. En 2008, Santé Canada a rapporté que les ménages autochtones sont trois fois plus à risque de ne pas avoir accès à des aliments sûrs et salubres. Le gouvernement s'en prendra-t-il maintenant à Santé Canada? Pourquoi le gouvernement juge-t-il acceptable que des enfants qui habitent au Canada se réveillent, aillent à l'école et aillent au lit le ventre creux? Au lieu de déblatérer, le gouvernement agira-t-il immédiatement pour résoudre ce problème bien réel?

L'hon. Leona Aglukkaq (ministre de la Santé et de l'Agence canadienne de développement économique du Nord, PCC): Monsieur le Président, hier, j'ai été surprise par l'incompréhension et la méconnaissance du rapporteur des Nations Unies concernant les Autochtones et les Inuits et l'importance de la chasse au gibier pour assurer la sécurité alimentaire dans l'Arctique canadien. C'est l'équivalent d'une étude universitaire sur les Autochtones de l'Arctique canadien pour laquelle on n'aurait jamais mis les pieds sur place, suivi nos traces ou compris les restrictions que nous devons accepter mais également les extraordinaires possibilités qui s'offrent à nous en tant qu'Autochtones au Canada.

M. Jonathan Genest-Jourdain (Manicouagan, NPD): Monsieur le Président, le rapporteur spécial de l'ONU a affirmé hier qu'il faudrait que tous les coûts, notamment ceux associés au transport, soient inclus dans le choix des aliments subventionnés pour les communautés isolées du Nord. Les conservateurs abandonnent leurs responsabilités envers les communautés autochtones, que ce soit en matière de sécurité alimentaire ou en matière de construction d'infrastructures. C'est pourquoi l'Assemblée des Premières Nations a accueilli favorablement les conclusions du rapporteur. Au lieu de tirer sur le messager, vont-ils enfin travailler avec les communautés, afin que les aliments nutritifs soient disponibles à coût abordable?

L'hon. Leona Aglukkaq (ministre de la Santé et de l'Agence canadienne de développement économique du Nord, PCC): Monsieur le Président, cet universitaire est si mal renseigné qu'il n'a aucune idée de ce que le gouvernement investit dans le cadre de plusieurs initiatives qui favorisent la nutrition et l'accès accru à des aliments traditionnels sains. À l'instar des libéraux, les néo-démocrates aiment bien parler de la sécurité alimentaire, mais comme le pays d'origine du rapporteur de l'ONU, ils essaient en même temps de mettre fin à la chasse au phoque. Un représentant européen de l'ONU qui vient de loin pour examiner la situation au Canada et nous faire la morale, c'est aussi ridicule qu'un certain député torontois qui prétend que je ne comprends pas les problèmes qui concernent ma localité et le Nord canadien.

Mme Niki Ashton (Churchill, NPD): Monsieur le Président, hier, le gouvernement a honteusement attaqué le rapporteur spécial des Nations Unies sur le droit à l'alimentation en soutenant, entre autres, qu'il n'avait pas visité le Nord canadien. Le gouvernement a tort. le rapporteur a visité Gods River, dans le Nord du Manitoba, et il est allé dans le Nord de l'Alberta. Il a découvert que de nombreux Canadiens, surtout des Autochtones, ont un régime inapproprié parce qu'ils vivent dans la pauvreté. Le gouvernement présentera-t-il ses excuses pour cette attaque honteuse, et reconnaîtra-il enfin que les Autochtones...

Le Président:  Le temps de parole de la députée est écoulé. La ministre de la Santé a la parole.

L'hon. Leona Aglukkaq (ministre de la Santé et de l'Agence canadienne de développement économique du Nord, PCC):  Monsieur le Président, ce que j'ai dit hier, c'est que j'ai été très insultée qu'un rapporteur des Nations Unies vienne au Canada pour étudier la situation des Autochtones et des Inuits, qu'il ne se rende pas dans l'Arctique, puis qu'il rédige un rapport indiquant ce qui répondrait le mieux à mes besoins en tant qu'Autochtone de l'Arctique canadien. C'est insultant. La députée devrait avoir honte. Elle devrait soutenir tous les citoyens et les Autochtones du Canada, au lieu d'écouter quelqu'un qui vient ici commenter notre façon de vivre sur nos terres et de tirer notre subsistance de la faune de notre pays.

M. Paul Dewar (Ottawa Centre, NPD): Monsieur le Président, en tant que membre actif et ouvert des Nations Unies, le Canada a lancé une invitation permanente aux représentants de l'ONU en matière de droits de la personne pour qu'ils viennent au Canada. Mais quand le rapporteur spécial sur le droit à l'alimentation a accepté cette invitation, le gouvernement l'a accueilli en remettant en question ses titres de compétence et son mandat. Pire encore, quand un député l'a insulté dans une déclaration, le ministre des Affaires étrangères a applaudi. Est-ce ainsi qu'un gouvernement du G8 devrait traiter les visiteurs de l'ONU? Est-ce une nouvelle politique du gouvernement?

L'hon. John Baird (ministre des Affaires étrangères, PCC): Monsieur le Président, je suis heureux de dire au député d'en face et à tous les Canadiens quelle est la politique de ce gouvernement. Notre politique, c'est de défendre le Canada, ses intérêts et ses valeurs. C'est ce que nous ferons chaque jour, sans exception. Je tiens à dire à tous les députés à quel point le gouvernement et moi-même sommes fiers du travail extraordinaire qu'accomplit la ministre de la Santé pour tous les Canadiens, particulièrement quand il s'agit de faire connaître le point de vue des Inuits au Cabinet. Elle accomplit un travail remarquable et nous sommes extrêmement fiers d'elle.

 

18 mai 2012

M. Paul Dewar (Ottawa Centre, NPD): Monsieur le Président, le premier ministre sera confronté à d'autres défis lors de la réunion du G8 qui aura lieu pendant la fin de semaine. La sécurité alimentaire est en tête du programme. Au lieu de prendre des mesures pour contrer la faim et pour remédier aux problèmes de sécurité et d'alimentation, les ministres conservateurs ont lancé cette semaine une attaque cinglante contre le rapporteur spécial des Nations Unies pour le droit à l'alimentation. Comment le premier ministre espère-t-il avoir une quelconque crédibilité sur la scène internationale lorsque ses ministres attaquent des représentants de l'ONU?

M. Deepak Obhrai (Secrétaire parlementaire au ministre des Affaires étrangères, PCC): Monsieur le Président, en parlant de volte-face, les députés devraient penser à la position qu'ils ont adoptée à l'égard de la mission en Libye. Je suis un grand voyageur et je peux dire aux députés que cet homme aurait dû visiter des pays comme l'Inde, la Chine, la République démocratique du Congo, le Bangladesh, le Pakistan et l'Indonésie, où vit 60 p. 100 de la population mondiale qui souffre de la faim. Le Canada est le deuxième donateur en importance au Programme alimentaire mondial et contribue à hauteur de 300 millions de dollars pour soulager la faim dans le monde. C'est donc une insulte à l'égard des contribuables canadiens et de leur argent que cet homme soit venu ici pour gaspiller les fonds publics en donnant 5 millions de dollars à...