Le Canada appelé à assurer un meilleur accès à l'alimentation : examen des droits de la personne de l'ONU

Mercredi, 4 juillet, 2018 - 15:17

Crédit photo: Conseil des droits de l'homme des Nations Unies

Cet article a été rédigé par : Rhonda Ferguson

Dans quelle mesure le Canada respecte-t-il ses obligations internationales en matière de droits de la personne? Le 11 mai, ce fut à notre tour d'être examiné par les Nations Unies, pour le troisième Examen Périodique Universel (EPU) du Canada. Bien que nous avons été félicités pour avoir fait des progrès vers la réalisation des objectifs définis dans les principaux instruments des droits de l'homme, nous avons également reçu 275 recommandations, dont cinq étroitement liées à la sécurité alimentaire et au droit à l'alimentation.

 

Réunion d'engagement du public organisée par le ministère du Patrimoine canadien

Le ministère du Patrimoine canadien a accueilli la première réunion de suivi de cet examen à Ottawa le 6 juin. Trente-sept organisations non gouvernementales, groupes de peuples autochtones et d'autres organisations comme la GRC y ont participé. Toutefois, il était évident que certaines organisations manquaient à l'appel faute de ressources ou de délais suffisants. Pendant cette rencontre, le gouvernement a émis un soutien clair pour une plus grande reconnaissance des questions liées aux droits socio-économiques, y compris le droit à l'alimentation. Nous avons été invités à proposer les recommandations que le gouvernement devrait accepter et prioriser.

 

Qu'est-ce que l'Examen Périodique Universel?

L'EPU fonctionne en quelque sorte comme un processus d'évaluation par les pairs entre pays. Un groupe de travail évalue le pays sous étude, bien que tous les autres pays soient invités à s'y joindre pour les  commentaires. Même si le processus est profondément politique, c'est aussi un forum qui compte la participation des 193 États membres de l'ONU. C'est également l'occasion d'un dialogue ciblé entre le pays examiné et les autres, ainsi que la société civile. Les pays peuvent accepter ou «notifier» des recommandations, ces dernières étant essentiellement un moyen pour les États de refuser poliment d'agir sur un sujet particulier. Lorsqu'une recommandation est acceptée, cela indique que le gouvernement s'est engagé à prendre des mesures.

 

Disparités en matière de santé, de sécurité alimentaire et plus encore entre peuples autochtones et colons

Une partie importante des recommandations faites au Canada par d'autres pays concerne les disparités en matière de santé, d'éducation, d'emploi et d'accès aux services entre les peuples autochtones et les colons. D'autres ont souligné la nécessité pour le Canada de ratifier le Protocole facultatif se rapportant au Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels, Cela permettrait aux Canadiens de déposer des plaintes officielles concernant les droits socioéconomiques directement auprès de l'organe conventionnel, une fois que les recours internes auront été épuisés. Ce serait une voie d'accès à la justice pour les violations du droit à l'alimentation pour le Canada.

 

Nous appelons le Canada à reconnaître le droit à l'alimentation pour tous

La tâche du Canada sera maintenant de décider quelles recommandations seront officiellement acceptées pour la dernière étape du processus d'examen à Genève, en août prochain. Le Réseau pour une alimentation durable a encouragé le gouvernement à garantir le droit à l'alimentation par Une politique alimentaire pour le Canada ainsi que des politiques et des programmes qui appuient la sécurité alimentaire pour tous les Canadiens. En tant que tel, nous soutenons particulièrement l'acceptation des cinq recommandations suivantes:

  • Redoubler d'efforts pour assurer un accès équitable à l'éducation sanitaire, aux services sociaux, à l'eau potable et à la sécurité alimentaire pour les populations autochtones (recommandé par Trinité-et-Tobago)
  • Mettre en œuvre des mesures efficaces pour réduire les niveaux élevés de pauvreté, l'insécurité alimentaire des peuples autochtones et assurer un meilleur accès aux soins de santé, à l'éducation, à un logement convenable et à d'autres produits de première nécessité (Inde).
  • Interpréter la Charte des droits et libertés en confirmant l'interdépendance et l'indivisibilité de tous les droits de l'homme en vue d'assurer l'accès à la nourriture, à la santé et à un logement convenable à tous ceux qui vivent dans le pays (Uruguay)
  • Assurer la justiciabilité des droits économiques, sociaux et culturels (Afrique du Sud)
  • Veiller à ce que sa stratégie de réduction de la pauvreté comprenne une approche ciblée pour remédier aux disparités socioéconomiques et à la discrimination systémique vécue par les Afro-Canadiens et les peuples autochtones et un programme fédéral de collecte de données désagrégées (Trinité-et-Tobago)

 

Participez à la conversation sur le droit à l'alimentation au Canada au Forum national de 2018 du RAD!