Le RAD à la conférence de l'Association canadienne des études sur l'alimentation
Bonjour à tous,
En tant que coordonnatrice de programme au Réseau pour une alimentation durable et par intérêt personnel, je travaille sur les systèmes alimentaires ancrés dans leur milieu. D’après mon expérience, travailler dans les communautés ancrées dans un milieu engendre à coup sûr une compréhension et une appréciation de la diversité. J’ajouterais même que de travailler au niveau national, avec des systèmes alimentaires ancrés dans leur milieu à travers le Canada, m’a clairement démontré qu’il n’existe aucune description, histoire ou solution unique ou universelle.
J’ai tendance, au travail, à utiliser par défaut le pluriel – je parle toujours des systèmes alimentaires, je suis davantage disposée à discuter de mouvements alimentaires, et adopte avec joie le langage des études alimentaires. Par l’utilisation du pluriel, nous reconnaissons et respectons intrinsèquement la diversité qui est à la fois une réalité et un aspect vital de notre travail. La diversité compose les écosystèmes, les populations humaines, les secteurs alimentaires, les marchés, et Dieu sait qu’il y a une grande diversité dans les domaines politiques et règlementaires qui gouvernent l’alimentation.
Ce qui m’amène à mon prochain point: en tant que consommatrice, plutôt qu’actrice au sein d’un milieu universitaire, il m’apparaît vital que les études alimentaires soient multi et transdisciplinaires.
Il y a près de 25 ans, lorsque j’ai commencé ce travaille, il y avait peu de personnes avec qui discuter de ces questions. Nous étions en quelque sorte des excentriques. Mais l’espoir que j’ai aujourd’hui que l’on reprenne en main et transforme nos systèmes alimentaires en une forme qui soutienne véritablement la résilience des humains, des animaux et des écosystèmes est dû au fait que ces jours-ci, tout le monde semblent intéressé par l’alimentation. Les gens ont constaté les liens entre l’alimentation et l’environnement, entre l’alimentation et nos systèmes économiques, les changements climatiques, le développement économique des communautés, les identités culturelles, la justice, les échanges et bien plus. Et ils ont tous abouti à l’alimentation en reconnaissant son rôle central dans nos vie et non seulement son rôle d’alimenter notre corps chaque jour.
Je propose donc que ce ne soit pas seulement la diversité de nos communautés mais aussi la diversité au sein du mouvement alimentaire ainsi qu’au sein de la population en général intéressée par les questions alimentaires qui justifie les diverses disciplines et approches dans les domaines académiques qui soutiennent notre travail, à savoir les études alimentaires.
Et nous avons réellement besoin de votre aide et de votre soutien. L’un des défis d’avoir tant de nouveaux convertis au mouvement alimentaire, et qui plus est, si enthousiastes, est de ne pas céder à l’adoption de solutions faciles et d’analyses superficielles. Ceci pourrait constituer notre perte – en occasionnant des interventions bien intentionnées mais contre-productives et des déceptions en cas d’échec. Sans aucun doute, nos efforts pour influencer les politiques et le public en général se retrouvent ainsi minés lorsque nos propositions sont mal fondées. Et même si nous sommes des défenseurs aguerris des systèmes alimentaires, le contexte politique et réglementaire complexe et changeant rend pratiquement impossible pour la société civile et les petits organismes à but non lucratif tel que le Réseau pour une alimentation durable de rester constamment à jour, de comprendre les répercussions et de sonner l’alarme pour le mouvement alimentaire lorsque nécessaire.
Le Réseau pour une alimentation durable est né au côté de l’ACEA (CAFS). Nous accordons beaucoup d’importance à notre relation avec l’ACEA et ses membres et savons qu’ensemble nous pouvons accomplir ce qui est nécessaire pour bâtir des communautés dynamiques et bien nourries à travers notre pays.
Le Réseau pour une alimentation durable a mis au point et tenu à jour une liste de souhaits en matière de recherche, laquelle est disponible pour tous ceux intéressés par notre travail et désireux de nous soutenir. Nous recherchons par ailleurs à développer des relations avec des universitaires et des analystes qui peuvent nous aider à répondre rapidement aux questions urgentes. Nous estimons à sa juste valeur la recherche à long terme qui nous permet de comprendre les tendances, les besoins et les possibilités pour nos communautés et nos systèmes alimentaires.
Je voudrais terminer avec une observation liée à la diversité qui m’est venu lors de mon voyage en train pour venir jusqu’ici. Je n’étais jamais venue dans cette région de l’Ontario avant et j’étais très excitée de voir la campagne durant mon voyage entre Toronto et Ste-Catherine. Ayant moi-même grandi dans un verger, j’étais ravie de voit tant d’arbre fruitier. Et ayant aussi passé plusieurs années à travailler sur les normes biologiques et la certification, je ne pouvais m’empêcher de remarquer que plusieurs d’entre eux n’étaient pas des vergers biologiques. On peut aisément savoir lorsqu’un verger n’est pas en gestion biologique par la zone morte autour de chaque arbre. Dans les vergers conventionnels, toute la vie végétale sous les arbres, étant perçues uniquement comme une concurrente, est éliminée. Dans un verger biologique, la vie végétale sous l’arbre est soigneusement gérée et entretenue, étant entendu qu’un écosystème diversifié et dynamique sous l’arbre contribue à garantir un sol en santé, un habitat propice aux insectes bénéfiques, et un arbre qui à terme prospérera en tant que partie intégrante d’une communauté vivante, non pas en tant que concurrent isolé.
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