Dans le nord du Canada, les communautés autochtones vivent une crise sur le plan de leur sécurité alimentaire, qui comporte de lourdes conséquences sur la santé et le bien-être de leurs membres. Il est nécessaire d’agir urgemment afin de contrer ce problème de santé publique sans précédent. Les solutions doivent provenir des communautés nordiques elles-mêmes, et le programme fédéral Nutrition Nord Canada, conçu pour réduire les prix des aliments dans le Nord, doit être révisé en profondeur afin d’être efficace.

L’insécurité alimentaire est un grave problème dans le Nord

• Selon certaines études, la proportion d’adultes chez les Premières Nations, les Inuits et les Métis dans le Nord qui connaissent l’insécurité alimentaire est entre cinq et six fois plus élevée que la moyenne nationale canadienne.
• Près de 70 % des habitants du Nunavut connaissent l’insécurité alimentaire; il s’agit de la plus forte proportion mesurée parmi les populations autochtones vivant dans des pays développés. Cette proportion est également élevée chez les enfants, celle-ci atteignant 62 %.
• Dans le nord du Manitoba, plus de 60 % des ménages autochtones vivant hors réserve connaissent l’insécurité alimentaire.
• De manière similaire, il est établi que 70 % des ménages vivant dans le nord de l’Ontario connaissent l’insécurité alimentaire.

L’insécurité alimentaire dans le Nord constitue un problème multidimensionnel. Le régime alimentaire des habitants du Nord dépend d’une combinaison d’aliments traditionnels issus de la nature (sauvages) et d’aliments provenant du marché, et les coûts reliés à la récolte de même qu’à l’expédition des aliments sont extrêmement élevés. Bien qu’il alloue aux détaillants du Nord une subvention applicable à une liste d’aliments présélectionnés, le programme Nutrition Nord Canada (NNC) ne parvient pas à remplir sa mission visant à réduire le prix des aliments périssables et nutritifs dans les communautés nordiques.

Un ensemble d’approches holistiques et coordonnées appliqué à plusieurs niveaux est nécessaire afin de s’attaquer à la crise alimentaire dans le Nord. Les membres des communautés nordiques connaissent leur contexte mieux que quiconque. Ils ont ainsi les connaissances et les idées nécessaires pour s’attaquer à l’insécurité alimentaire. Ils ont cependant besoin de soutien.

La souveraineté alimentaire dans le Nord

Les politiques et les programmes concernant le Nord qui émanent des différents paliers gouvernementaux ne sont pas bien coordonnés. Afin d’instaurer la souveraineté alimentaire de cette région, la campagne Je mange donc je vote demande la mise en œuvre des mesures suivantes :

• concevoir une politique alimentaire nationale qui englobe le contexte nordique et qui reconnaît le droit à l’alimentation des peuples autochtones du Canada;
• accorder un financement durable destiné à mettre en place des coordonnateurs communautaires en alimentation dans toutes les communautés nordiques, ceux-ci agissant dans un cadre leur permettant à la fois d’agir localement et d’orienter les politiques;
• instaurer un revenu minimal de base ajusté de manière à tenir compte des prix dans le Nord.

De manière précise, la révision complète du programme Nutrition Nord Canada devrait :

• revoir l’affectation du financement offert par le programme afin d’y inclure les commerces alimentaires à but non lucratif et le transport d’aliments traditionnels;
• réinstaurer le financement destiné à l’achat d’articles non alimentaires et d’équipements essentiels au jardinage, à l’agriculture, la chasse, la cueillette et la récolte;
• assurer la coopération de tous les paliers gouvernementaux, et la coordination, aux niveaux provincial, territorial et fédéral, des prestataires de services, des ministères et des organisations;
• mettre en place des mécanismes de responsabilité qui comprennent des blocs de temps et des jalons clairement établis afin de s’attaquer à l’insécurité alimentaire des Canadiennes et des Canadiens qui vivent dans le Nord.

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