Qu’est-ce qui motive cet engouement pour les aliments locaux?
Par Jennifer Reynolds, coordonnatrice du programme d’alimentation institutionnelle du Réseau pour une alimentation durable
Cet article a été publié dans le magazine Food Service and Nutrition, une publication de la Société canadienne de gestion de la nutrition. Vous pouvez lire la version complète de l’article ici (Food Service and Nutrition, vol. 1, no 3).
Depuis quelque temps, les aliments locaux semblent omniprésents : ils sont bien visibles sur les présentoirs des épiceries; ils prennent la vedette sur les menus des restaurants; et se multiplient sur les étals des marchés paysans des petites et des grandes villes à travers tout le pays.
D’abord propulsés par le mouvement des passionnés de cuisine, les aliments locaux ont aujourd’hui conquis le grand public. L’approvisionnement en ingrédients frais et locaux constitue d’ailleurs une tendance à la hausse au sein des établissements de santé, des campus et des écoles.
Qu’est-ce qui motive cet engouement pour les aliments locaux?
Afin de répondre à la demande croissante des établissements publics pour les aliments locaux, il est d’abord important de comprendre les motifs à l’origine de cette tendance : pourquoi les gens recherchent-ils des aliments locaux?
1. Réduire la distance parcourue par les aliments
Plus la distance qu’un aliment doit parcourir est grande, plus le nombre de « kilomètres-aliments » augmente, et plus importants sont les impacts négatifs sur environnement. Or, plusieurs personnes considèrent que les aliments locaux possèdent une empreinte écologique réduite.
2. Des aliments plus frais et plus savoureux
Les aliments locaux sont souvent récoltés quelques heures avant d’être vendus. Pensez au maïs que vous achetez directement dans un kiosque fermier au mois d’août, puis comparez-le au maïs surgelé que vous mangez en janvier. À coup sûr, les épis de maïs frais ont meilleur goût. L’achat local accroît également la diversité des aliments offerts, car les circuits courts permettent aux producteurs de cultiver des variétés qui misent sur la saveur (et ne résistent pas au transport sur de longues distances).
3. Manger en respectant davantage la saisonnalité des aliments
Consommer des produits saisonniers est l’une des pierres angulaires d’un régime locavore. Cela implique de manger des aliments en respectant le calendrier des récoltes, et d’ainsi profiter de fruits et de légumes qui sont à l’apogée de leur maturité et de leur saveur. (Il vous est même possible de manger des aliments locaux pendant l’hiver, puisque les céréales, les viandes, les produits laitiers et les légumes-racines sont toujours disponibles.)
4. Soutenir les économies locales et nouer des liens avec les producteurs
Au cours des dernières décennies, plusieurs initiatives visant à encourager les consommateurs à acheter directement leurs aliments auprès des producteurs ont vu le jour : marchés paysans, programme de paniers de l’ASC et autocueillette, pour n’en nommer que quelques-unes. Or, les avantages de l’achat direct rejaillissent sur les deux parties : les producteurs obtiennent de bonnes marges de profits (ce qui assure leur viabilité commerciale), et les consommateurs peuvent se renseigner directement auprès des producteurs sur la manière dont leurs aliments sont produits.
5. Transparence
Mieux connaître la provenance des aliments, la manière dont ils sont produits, et leurs impacts sur l’environnement et les économies régionales sont probablement d’importants facteurs à l’origine de l’engouement pour les aliments locaux. Les consommateurs veulent savoir ce qu’ils achètent.
Une recherche menée en 2016 par le Centre canadien pour l’intégrité des aliments auprès de trois catégories de consommateurs — des mères, des milléniaux et des passionnés de cuisine — a révélé que 60 % d’entre eux souhaitent en apprendre davantage au sujet des pratiques agricoles. Les répondants au sondage ont indiqué qu’ils étaient personnellement préoccupés par les aspects suivants : l’utilisation d’hormones chez les animaux d’élevage (48 %); l’utilisation de pesticides dans les cultures (46 %); la présence de résidus de médicaments dans la viande, le lait et les œufs (45 %); de même que la consommation d’aliments issus de cultures génétiquement modifiées (41 %).
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Comment faire pour commencer à acheter davantage d’aliments locaux dès maintenant?
Commencez par vous renseigner sur les aliments locaux offerts dans votre région
Visitez un marché paysan ou consultez le web afin de dénicher un carrefour alimentaire dans votre région. L’un comme l’autre sont d’excellents endroits où discuter de vos intérêts et de vos besoins en matière d’aliments locaux.
Tirez parti des initiatives d’achat local de votre province
La plupart des provinces ont mis sur pied des initiatives favorisant l’achat local, où il est possible de consulter des répertoires de fournisseurs de produits locaux. Des logos et du matériel promotionnel peuvent être offerts afin de contribuer à la promotion des aliments locaux qui se retrouvent au menu des patients, des membres du personnel et des visiteurs.
Parmi les différentes initiatives provinciales d’achat local, mentionnons : Buy BC, Buy Manitoba, Ontario terre nourricière, Aliments du Québec, Achetez Nouveau-Brunswick, Saveurs de l’Île-du-Prince-Édouard, Select Nova Scotia, et Yukon Growth.
Donnez une touche saisonnière à votre menu
Qu’il s’agisse d’en faire un plat d’accompagnement ou qu’ils servent de principaux ingrédients, les aliments saisonniers constituent un bon moyen de s’initier au locavorisme. Différentes initiatives telles que Strive of Five at School et Burlodge Refresh proposent des tonnes de recettes mettant l’accent sur divers ingrédients locaux.
Parlez-en à vos fournisseurs actuels
Vos fournisseurs veulent répondre à vos besoins. Si vous désirez acheter davantage de produits locaux, il est donc important de leur faire savoir. Renseignez-vous au sujet des produits alimentaires locaux qu’ils offrent déjà, et s’ils n’en offrent aucun, demandez-leur comment ils peuvent identifier les aliments locaux dans les listes de commande.
Mettez sur pied un projet pilote
Lorsque vous en saurez plus sur les aliments locaux offerts dans votre région, choisissez un produit que vous aimeriez vous procurer. Demandez à vos distributeurs s’ils connaissent un fournisseur pour ce produit ou s’ils pourraient en trouver un; si ce n’est pas le cas, vous pouvez établir de nouveaux contacts. Vous pouvez également en parler à d’autres membres de la Société canadienne de gestion de la nutrition, car ceux-ci pourraient également souhaiter acheter le même produit; regrouper la demande peut contribuer à rendre la chose faisable.
Par ailleurs, lorsque vous utilisez des ingrédients locaux, assurez-vous de le dire à tout le monde! Demandez aux membres du personnel et aux autres qui goûtent votre nourriture de vous faire part de leurs commentaires, et partagez les réussites avec votre équipe, les gestionnaires et la collectivité. Voilà d’excellents moyens d’entreprendre votre exploration du merveilleux monde des aliments locaux.
Accédez à la version complète de l’article (en anglais).
Jennifer Reynolds est la coordinatrice du programme d’alimentation institutionnelle au Réseau pour une alimentation durable; elle est également partenaire du programme Nourrir la santé — L’avenir de l’alimentation dans les soins de santé. Elle a travaillé pendant plus de 15 ans auprès des agriculteurs, des organisations et des entreprises; au cours de cette période, elle a créé des liens et milité pour faire reconnaître le rôle essentiel des aliments locaux dans la création de systèmes alimentaires locaux et durables. Dans le cadre de son travail, elle a conçu nombre de stratégies de communication, de programmes et de politiques.
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