Débourser pour se nourrir : un rapport sur le coût des aliments dans le Nord
À Moose Factory, Fort Albany et Attawapiskat, trois communautés de Premières Nations situées dans les territoires de Mushkegowuk le long de la côte ouest de la baie James, les ménages doivent consacrer plus de la moitié de leur revenu à l’alimentation afin de combler leurs besoins nutritionnels de base.
Selon un rapport publié par le Réseau pour une alimentation durable, le coût mensuel du panier d’épicerie (mesuré en juin 2015) à Attawapiskat était de 1 909 $ alors que, par exemple, il s’élevait à 847 $ à Toronto. Si les ménages vivant sur des réserves dans le nord-ouest de l’Ontario doivent consacrer plus de 50 % de leur revenu médian à l’alimentation, ceux établis à Toronto y consacrent 11%.
Le rapport du Réseau pour une alimentation durable, Débourser pour se nourrir : Rapport sur l’évaluation du coût des aliments dans le Nord, fait état d’une situation alarmante en matière de prix des aliments, et ce, malgré le fait que Fort Albany et Attawapiskat bénéficient du programme Nutrition Nord Canada administré par le gouvernement fédéral. Ce programme, qui a été conçu pour rendre les aliments périssables plus abordables dans les communautés nordiques, a d’ailleurs été largement critiqué.
« Comme le montre la situation que nous vivons à Fort Albany, la subvention ne permet pas à la famille moyenne de s’alimenter correctement, sans parler de l’impossibilité de se procurer des biens élémentaires comme des couches ou du papier hygiénique. La subvention de Nutrition Nord est remise au détaillant et le consommateur n’en bénéficie pas de manière adéquate. Nous vivons au jour le jour », indique Gigi Veeraraghavan, qui est agente de santé communautaire en plus d’être coauteure du rapport. La ministre des Affaires autochtones et du Nord du Canada, Carolyn Bennett, procède actuellement à la révision du programme alors qu’elle a pour mandat d’évaluer les possibilités d’étendre sa portée et de le mettre à jour.
« L’insécurité alimentaire atteint des proportions dramatiques et comme le souligne le rapport, Nutrition Nord ne constitue pas une réponse adéquate », a indiqué Joseph Leblanc, un membre du conseil d’administration du Réseau pour une alimentation durable qui a travaillé sur cette question pendant plusieurs années et qui a agi à titre de conseiller pour le projet. « Nous avons besoin d’un soutien accru pour des projets communautaires permettant aux personnes touchées par l’insécurité alimentaire de s’impliquer véritablement en élaborant des solutions de rechange au système actuel. Cela comprend notamment le contrôle local des détaillants et une plus forte compétition entre eux, un soutien accru aux aliments traditionnels et un meilleur accès aux données permettant de suivre l’évolution des prix par rapport aux revenus. »
Plusieurs problèmes soulevés par le rapport seront abordés lors de la prochaine assemblée du Réseau pour une alimentation durable, la Tablée des idées, qui se déroulera à Toronto du 13 au 16 octobre prochains. À cette occasion, plusieurs discussions de groupe et plusieurs ateliers abordant les problèmes reliés à la souveraineté alimentaire des communautés autochtones et nordiques sont prévus. Le programme complet de cette assemblée sera divulgué dans les prochaines semaines.
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